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La grande révolution Martelly

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Après quatre longs mois de campagne, le 14 mai 2011, le chanteur populaire haïtien, Michel Martelly, est investi à la tête du pays. Contrairement à ses prédécesseurs, il a bâti sa soudaine force politique sur un soutien populaire inébranlable. Sa campagne a été marquée de discours remplis de promesses tenues. Jamais réalisme n’a été aussi bien accompagné d’idéalisme. L’homme politique en herbe a fait de la démocratie le grand vainqueur de ces cinq dernières années. M. Martelly organisa de nombreuses marches pacifiques pour accéder au pouvoir lors de sa campagne ; la plus marquante fut celle tenue aux Cayes le 8 décembre 2010 qui émut le monde entier. Contrairement à ses prédécesseurs, il accéda au pouvoir sans l’aide de la communauté internationale qui, depuis l’occupation américaine de 1915, a la mauvaise réputation de tirer les ficelles sur nos grandes décisions d’État.

La fin du printemps 2011 fut le début d’un nouveau printemps pour Haïti

Arrivé au pouvoir, Michel Martelly s’est rapidement entretenu avec les deux autres pouvoirs, législatif et judiciaire, les différents secteurs de la société civile et les partis politiques, dans le but de parvenir à un plan national de reconstruction. Des débuts très prometteurs. Le chanteur qui jadis était réputé pour son arrogance et son obscénité a discuté avec les secteurs pourtant diamétralement opposés à certaines de ses positions exprimées. Le leadership de Martelly a surpris favorablement la classe politique qui voyait en lui un délinquant chanteur, par définition incapable de comprendre quoi que ce soit à la politique. Un Premier ministre de consensus a été nommé.

Conscient de quelques petites lacunes, le président s’est entouré d’experts de compétences diverses pour s’assurer que ses décisions soient favorables à la majorité des citoyens. Cette décision de s’entourer d’experts n’a pas plu à la grande majorité de ses proches. Ayant atteint les six premiers mois de son mandat, dans un discours au local de son parti le président a expliqué à ses partisans qu’il allait s’éloigner de la culture du népotisme qui a fait tant de tort au pays depuis plus d’une cinquantaine d’années. Son parti fut réticent dans un premier temps, mais la première décision en ce sens fut la fermeture de deux programmes sociaux financés par le gouvernement que sa femme et son fils dirigeaient. Après un audit sérieux de la Cour des comptes, le programme Ti Manman Cheri a été transféré au Ministère des Affaires sociales. Ledit ministère renomma ce programme d’aide aux millions de mères haïtiennes « Programme d’assistance alimentaire national. » On y associa le Ministère de l’Agriculture qui en a assuré l’approvisionnement par des denrées évidemment nationales : des tonnes de riz, de vivres, particulièrement plus de deux millions de régimes de bananes. Quant à l’initiative de construire des infrastructures sportives à travers le pays que dirigeait son fils, le président l’a transférée au Ministère des Sports. Après qu’il eut si magnifiquement tracé l’exemple sur sa famille, son parti l’a complètement supporté dans sa démarche de privilégier les intérêts du pays au détriment de ses caprices personnels et ceux de ses proches.

Une politique d’ouverture au monde international des affaires

“Haiti is open for business”, n’avait arrêté de scander le Premier ministre.  Après quelques mois de tournée internationale avec ce slogan sur les lèvres, le Premier ministre rentrait souvent bredouille. Très peu d’intérêt se manifestait à l’échelle internationale. Le président organisa alors rapidement un conseil des ministres extraordinaire au cours duquel il invita les présidents des deux chambres et des représentants du secteur des affaires. Suite à des analyses approfondies sur la campagne d’ouverture pour attirer les investisseurs internationaux, il conclut qu’il n’est pas nécessaire de gaspiller autant d’argent à faire monter des billboards et mener une campagne presque propagandiste autour du thème « Haiti is Open for Business ». Sous le leadership du président, les experts qui le conseillaient ont présenté la nouvelle politique pro-investissement d’Haïti qui s’orientera beaucoup plus sur la mise en place de structures favorisant les investissements étrangers. Quelques mois plus tard, suite au renforcement structurel, nombreux étaient les investisseurs internationaux qui se tournaient vers Haïti. La réforme a vite porté fruit. En mai 2013 le président avait affirmé que l’économie avait créé 400 000 emplois depuis son arrivée au pouvoir. Après une étude de l’Institut haïtien de Statistiques (IHSI), on a réalisé que les vrais chiffres de l’emploi montaient jusqu’à 525 000 nouveaux emplois créés. De tels chiffres en si peu de temps n’ont jamais été enregistrés en Amérique Centrale ou dans la Caraïbe. Un véritable record ! La révolution Martelly a fait littéralement décoller l’économie haïtienne.

 C’est ainsi que plus de 400 000 emplois ont été créés sous sa présidence. Quand le président fit cette annonce, il ne parlait à la vérité que d’une seule année.

Jamais autant de lois n’ont été votées au parlement

Malgré de graves divergences politiques, le président a su maintenir une relation très constructive avec les deux chambres. Plusieurs lois fondamentales pour la bonne marche de notre démocratie ont été votées. Ils ont conjointement mis en place le Conseil Supérieur du Pouvoir judiciaire avec lequel ils ont ensuite monté le Conseil Électoral Permanent. Les négociations étaient rudes, mais toutes les parties ont fini par faire des compromis.

Le CEP a dans un premier temps organisé les élections municipales et locales. Il y a eu quelques irrégularités que la justice a résolues. Cependant les experts se sont tous mis d’accord sur le fait que ces élections avaient aidé le CEP à améliorer ses structures opérationnelles, ce qui a ensuite facilité la réalisation d’organiser les superbes élections législatives qui ont suivi.

Ce même CEP a ensuite organisé les élections présidentielles les moins contestées de l’histoire récente d’Haïti.

Le succès du programme de scolarisation

Après une séance de réflexion avec la commission sénatoriale sur l’éducation et ses conseillers-experts, le président a pensé que l’État pourrait ajouter des taxes sur les transferts d’argent et les appels téléphoniques. Pour ce faire ils ont rapidement monté une commission qui a travaillé de concert avec la Direction générale des Impôts (DGI) et le Ministère de l’Économie et des Finances, sur la loi qui légalisera ces taxes. Le programme PSUGO afficha des résultats intéressants. Les députés avaient procédé à l’excellente modification de cette loi qui a assuré une nouvelle grille salariale pour les professeurs et l’élaboration d’un programme de formation continue.

Les élections de 2015 et la fin de son mandat

Le parti du président Martelly a gagné plusieurs sièges au sénat et à la chambre basse. Bien que le candidat à la présidence de son parti n’ait pas remporté les élections, il a déjà très démocratiquement entamé le processus d’investiture du nouveau président auquel il va passer l’écharpe. Le processus électoral a abouti sans problème. Depuis 1987, c’est la première fois que l’OEA et la communauté internationale n’ont pas dû intervenir dans nos affaires pour la résolution de crises électorales ou postélectorales.

Plusieurs universités à travers le monde se penchent déjà sur le modèle de développement martelliste. Sa politique publique se basant autour d’un État fort a sorti Haïti du trou dans lequel il pataugeait après le séisme du 12 janvier 2010.

Martelly laissera derrière lui un pays installé sur les rails du développement. Ce chanteur qui faisait de l’arrogance et l’obscénité ses principaux atouts d’artiste est sorti du pouvoir assagi et grand. Son départ du pouvoir coïncidera avec le carnaval national. Pour l’occasion le président-chanteur a composé une chanson rassembleuse dans laquelle il remercie les critiques de la presse et certains journalistes en particulier dont les analyses l’ont aidé à prendre de meilleures décisions. Cette meringue carnavalesque a mis l’accent sur l’importance du respect de la personne humaine. Une meringue pleine d’espoir et de positivité pour la jeunesse haïtienne.

Nous ne saurons jamais si c’est le pays qui a transformé Martelly en un grand homme ou plutôt Martelly qui a changé le pays en une grande nation en voie de développement. Nous savons par contre que sa grande modestie le poussera à choisir la première branche de l’alternative.

En Haïti toutes nos histoires fantastiques débutent par un « Cric ! Crac ! ». D’autres sont si puissantes qu’elles finissent par le commencement : « Cric ! Crac ! »

Directeur Général | Co-fondateur | J'aime me considérer rationnel et mesuré avec une vision semi-ouverte du monde. J'ai un baccalauréat en finance. Je m'intéresse au Barça, à la politique, à l'entrepreneuriat et à la philosophie.

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