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Julio Jean Fils, un codeur autodidacte qui s’affirme

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Julio Jean Fils a dirigé l’équipe qui a remporté le prix REBO S.A ainsi que le prix « Gagnant des gagnants » de NATCOM à la FinTech 2018. Un exploit formidable pour ce jeune de 27 ans, programmeur autodidacte. 

Il n’a fallut que les cinq jours du Hackhaton de FINTECH Haiti pour que Julio et Ebillson Grand Jean créent une application qui allait charmer le jury de REBO S.A. La compagnie agroalimentaire voulait une application pour faciliter la vente des produits de sa chaine de coffeeshop « Rebo Expresso ». « Après avoir consulté l’ensemble des cahiers de charges, j’ai réalisé que le projet de REBO était le plus stimulant. Je me suis dit que je devais travailler dessus », explique Julio Jean Fils.

Sur les trois applications présentées, celle de l’équipe de Julio a retenu l’attention du jury de REBO et celui de NATCOM pour le prix « Gagnant des gagnants » du hackathon. « C’est une grande satisfaction de voir mon travail récompensé après avoir durement travaillé. Je m’étais concentré tellement pour impressionner le jury, et ceci a marché. J’ai réalisé que j’ai atteint mes objectifs », avoue le codeur avec humilité.

Le hackathon de la Fintech 2018 regroupait treize (13) équipes de codeurs en compétition pour produire des applications pour des entreprises locales. La BRANA, la BRH et REBO S.A. ont proposé des prix de trois mille dollars à l’équipe de codeurs qui leur proposerait la meilleure application pour répondre à un besoin de leur institution. À partir de cahiers de charges bien définis, les codeurs ont pu délivrer un travail que les entreprises allaient choisir. Julio Jean fils et son équipe ont remporté deux prix : Le prix Rebo et le prix du « gagnant des gagnants » de la Natcom. 

En dehors des sentier battus

Julio a commencé à coder à l’âge de 17 ans en classe de terminale. Deux ans auparavant, il s’était initié à l’informatique bureautique avec l’aide d’un ami. Il commence ainsi par créer des sites internet et des applications mobiles et bureautiques.

Né à Sartre, Port-au-Prince, Julio Jean Fils est le quatrième d’une fratrie de huit enfants. Il a passé une partie de son adolescence avec sa grand-mère à Montrouis où il a fait ses études secondaires. Après, il est retourné à Port-au-Prince pour ses études universitaires. Il voulait étudier l’informatique, mais le sort en a décidé autrement. Il s’est orienté de préférence en télécommunication en s’adonnant parallèlement à sa passion, la programmation. « J’étais toujours passionné des technologies. Avant, je voulais devenir aviateur parce que je trouvais ça curieux que des gens pilotaient des avions », révèle le jeune codeur qui a grandi non loin de l’aéroport International Toussaint Louverture.

La programmation ou rien 

Sa passion pour la programmation a vite repris le dessus. Julio n’a jamais utilisé ses compétences en télécommunication pour travailler. En 2014, il fonde avec un ami une société de création et de gestion d’applications et de sites internet pour des entreprises. Leur aventure entrepreunariale, la Firme haïtienne de développement de logiciels (FIHDEL), aura duré deux ans. En 2016, les associés se sont lancé dans d’autres activités.

Si FIHDEL n’existe plus, Julio n’a pas chômé pour autant. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans la programmation mobile durant cette même année de 2016, grâce à une formation initiée par Transition Digitale et CodePath.org. CodePath.org est une organisation basée aux États-Unis qui propose régulièrement des cours en programmation à de grandes entreprises, dont celles de la Silicon Valley.

À l’issue de cette formation, Julio est parvenu à développer « Taxi Haïti”, une application qui reprend le modèle de Uber, la célèbre entreprise technologique américaine de transport privé. Séduite par cette idée, la Socoforme, une autre compagnie haïtienne, lui a proposé de mettre en œuvre un prototype de cette application appelé « Taxi Pa m”. Les résultats escomptés n’ayant pas été atteints, le partenariat s’est soldé par un échec.

Le Black Mamba haïtien

Il en faut beaucoup plus pour que Julio se laisse décourager. Par son talent et son sens de responsabilité, il a tapé dans l’œil de Carly Baja de Transition Digitale. Avec ce dernier, il a travaillé pour le compte du Ministère de l’Agriculture sur une application servant à collecter des données sur le terrain.

Infatigable, Julio, pendant sa recherche d’un emploi à temps plein, met au point une application qui permet aux entreprises d’envoyer leurs offres d’emploi et aux candidats de postuler. C’est alors qu’un entrepreneur canadien, à qui l’idée plait, le contacte pour la commercialisation de cette application. Ainsi « Job.Etrouve” a-t-elle été créée. Leur collaboration a duré un an. « Ce fut l’un de mes plus beaux accomplissements en voyant mon produit séduire pleins de gens dans des présentations au Canada », affirme-t-il avec une certaine fierté.

S’il faut chercher un qualificatif qui décrit le mieux Julio Jean Fils, ce sera son mental d’acier. Ce grand champion que le grand public a découvert lors de la finale du Hackathon de la FinTech Haïti de cette année a connu une grande désillusion qui aurait pu lui faire baisser les bras définitivement.

Quelques semaines seulement avant le hackathon, il s’est vu refuser l’accès au territoire américain, où il devait suivre une formation sur le Web Development. Toutes les nuits blanches passées à suivre des séances de pré-formation ont été réduites à néant. La formation qui coûte sept mille (7 000) dollars américains a été pourtant entièrement financée par CodePath.org et une autre organisation.

Grand fan de basket et grand admirateur de Kobe Bryant pour son caractère, Julio Jean Fils, l’enfant chéri de sa mère, doit justement sa réussite grâce à la Mamba Mentality qu’il s’efforce d’appliquer dans tout ce qu’il entreprend. Sans la Mamba Mentality, après le refus de l’Ambassade Américaine pour participer à une formation pour laquelle il avait tant travaillé Julio aurait baissé les bras. C’est cette force de caractère à la Kobe Bryant qui l’a permis de rebondir et dominer le Hackathon Fintech Haiti.

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