La religion, comme tout ce qui enchaine l’Esprit, a tendance à émousser la réflexion et à rendre le jugement obtus. À cause de sa nature dogmatique et doctrinale, elle se situe sur une passerelle fragile, à la frontière de l’émotion, du rationnel et de la conscience. Il est effectivement difficile d’avoir une foi religieuse sans sacrifier une partie de son sens analytique. Et, puisqu’elle s’appuie sur des vérités jugées immuables et incontestables, elle n’encourage ni le questionnement ni la remise en perspective. Elle entrave ainsi le choc des idées et la prise de recul vis-à-vis des modèles hérités. Elle a donc tendance à modeler des esprits atrophiés qui n’ont pas la perspicacité que confère la distanciation par rapport aux situations.
À la longue, la religion uniformise les idées et favorise l’émergence d’un mode de pensée sans cesse renforcé et nourri par des concepts convergeant tous vers une « vérité » unique. Elle tend ainsi à produire un espace où le statu quo s’érige en souverain et peut devenir un terreau propice à l’éclosion de toutes sortes de tabouisassions. Elle a ainsi le pouvoir d’emprisonner dans des carcans qui abrutissent, non pas parce que les notions fondamentales sont forcément arriérées, mais plutôt parce qu’elles balisent la pensée critique en lui posant des œillères.
En plus de son effet anesthésiant sur l’Esprit, la religion laisse paradoxalement beaucoup de place à l’interprétation subjective. En effet, les textes sacrés étant majoritairement allégoriques, leur compréhension fait principalement appel à la perception et au vécu de chaque individu. Et comme qui dit perception dit aussi divergence d’opinions, les discussions suscitées par ces écrits remuent souvent des passions ardentes, réveillant haine et animosité chez les parties impliquées, et ce, même chez les plus pacifiques.
Bizarrement, le choix d’une religion a cette capacité de faire croire que l’on détient « LA vérité ». Une croyance qui pousse à vouloir se positionner comme moralisateur face à ceux « qui ne savent pas ce qu’ils font ». Une conviction qui s’accompagne souvent de la certitude qu’il est du devoir de ceux qui ont trouvé le salut de sauver les brebis « égarées », ce qui les incite à vouloir imposer leur « vérité » à l’autre. Associée à la rigidité qui caractérise la foi religieuse, ce dévouement à une cause à priori noble se change aisément en fanatisme.
Enfin, la religion invite à croire au Destin, cette force qui décharge de tout. Nos choix ne sont pas importants puisque notre histoire est déjà écrite dans le Grand Livre des Destinées. Si la foi en cette destinée peut devenir un levier puissant qui conduit celui qui agit sous son emprise à créer
Le problème n’est pas d’avoir la foi ou de croire en une force supérieure qui contrôlerait notre vie. Loin de là… Il s’agit plutôt de croire que cette force à laquelle nous sommes soumis est extérieure et indépendante de nous. Car la force supérieure, la vraie force, celle qui permet de bouger des montagnes et de toucher des étoiles, réside en nous. Nous sommes tous des miracles de la Scientia, de Gaïa, de Yahvé, de Allah, de Brahmā, de X ou de Y… et avons chacun le potentiel pour accomplir de grandes choses. Il suffit de miser sur
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