La levée de l’interdiction a été une décision politique, sans égard pour les considérations sanitaires
En juillet 2012, les ministères de la Santé publique et de l’Agriculture ont interdit l’importation et la vente du salami dominicain sur le marché haïtien.
Cette décision survenait après la publication d’une étude de Pro Consumidor, une agence de protection des consommateurs en République dominicaine, qui révélait que 15 % du produit était contaminé au microbe Escherichia coli, une bactérie retrouvée dans les matières fécales humaines.
La décision de lever les mesures d’interdiction sur le salami a été politique et n’émanait pas du MSPP et du MARNDR, les deux instances qui avaient exigé l’arrêt des importations.
« Je ne sais pas s’il y avait des analyses réalisées sur ces produits, mais la décision d’enlever la mesure d’interdiction sur le salami a été pris au plus haut niveau de l’État », informe Willy Bien-Aimé, assistant directeur exécutif de la Direction du contrôle de qualité et de la protection des consommateurs (DCQPC) au ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI).
Willy Bien-Aimé croit que la levée de l’interdiction est plus une mesure économique qu’une décision conforme aux réglementations sanitaires. « Je ne crois pas que ce problème a été posé au sein de la DCQPC », poursuit-il.
Des laboratoires impliqués
En 2012, les Laboratoire national et Tamarinier avaient été retenus pour faire des analyses microbiologiques sur le salami afin de vérifier la véracité des informations rapportées par l’étude de Pro Consumidor.
Contacté, le directeur du laboratoire national, Jacques Boncy, révèle qu’il n’y avait pas de test réalisé par l’institution qu’il dirige sur le salami. « C’était de préférence le laboratoire Tamarinier qui avait cette mission avec son département des aliments », dit-il.
Le laboratoire vétérinaire et de contrôle de qualité des aliments de Tamarinier est dirigé et contrôlé par le MARNDR. Son actuel directeur, Dr Telsent Charles-Henry n’a pas communiqué les résultats des tests effectués à l’époque sur le salami. Nommé quatre ans après le tollé, il rapporte que l’information a été publiée dans la section Presse du site internet du laboratoire Tamarinier.
Le communiqué auquel Charles-Herny fait référence est introuvable sur le site du laboratoire. Il a très probablement servi de justificatif pour la levée « conditionnelle » de l’interdiction du salami par le ministère du Commerce. Dans une note parue en janvier 2013, le MCI avait indiqué que « les échantillons [de salami] prélevés à travers les rues ont présenté certaines contaminations. Les autres prélevés dans les supermarchés sont conformes aux normes admises pour la consommation ».
Le directeur du laboratoire Tamarinier confie qu’aucun suivi ni test n’a jamais été réalisé après 2012 sur le salami afin de déterminer si le produit qui circule actuellement sur le marché haïtien est sans danger.
De plus, la levée temporaire de l’interdiction d’importation devait être complète après des garanties offertes par la République dominicaine. Pour l’importation de tout produit agroalimentaire, l’importateur doit être muni d’un permis sanitaire d’importation délivré par le ministère de l’Agriculture d’Haïti, selon les dires de Michel Chancy, secrétaire d’État à la production animale à l’époque.
« Haïti avait exigé aux exportateurs un certificat sanitaire pour le salami, dit Michel Chancy. Ce document devrait être livré par le service vétérinaire dominicain. À ce que je sache, les services vétérinaires haïtiens n’ont jamais été en mesure d’émettre aucun permis sanitaire d’importation pour le salami, faute de ce certificat ».
L’industrie continue d’opérer
Aujourd’hui, des salamis en provenance de la République voisine continuent d’envahir le marché haïtien en empruntant les points frontaliers officiels et non officiels sans permis sanitaire d’importation, selon Jean Fritzner Clervéus, agronome et responsable de la protection végétale au MARNDR.
Le commerce de la saucisse et du salami rapporte gros à la République dominicaine. De 2010 à 2012, la vente de ces produits a généré près de 8 millions de dollars au pays voisin.
Aussi, les usines de fabrication de saucisse et de salami dominicain ne voulaient pas abandonner le marché haïtien. Induveca, l’une des entreprises dominicaines de fabrication du produit avait fait le déplacement pour venir en Haïti en 2013 dans l’objectif de renforcer son image et rassurer le public sur le fait que le salami produit par l’institution respecte les normes sanitaires de fabrication.
Malgré cela, de nombreux Haïtiens ont abandonné la saucisse. Caribbean saussage company S.A (CARISA) est l’une parmi tant d’autres entreprises haitiennes qui se lancent dans la frabrication des produits carnés comme le saussise, le salami et le hot dog.
Ces usines locales tentent de redorer le blason avec des produits conformes aux normes sanitaires. Mais, la menace demeure. Les salamis et saucisse dominicains pullulent le marché haïtien sans permis sanitaire d’importation.
Emmanuel Moïse Yves
Les photos sont de Emmanuel Moïse Yves
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