C’est vrai que je ne regarde pas souvent les films québécois. La dernière fois, c’était au Festival du film québécois en Haïti. Récemment dans le cadre du Festival du film francophone de Port-au-Prince, je suis tombé sur une petite pétite : « Guibord s’en va-t-en guerre ». Une comédie de Philippe Falardeau (jamais entendu parler) mettant en vedette Patrick Huard, dans le rôle du député canadien Guibord et Irdens Exantus, un assistant stagiaire haïtien.
Je vous le dis d’entrée de jeu « Guibord s’en va-t-en guerre » est désopilant ! Déjà que ça met en scène un jeune haïtien, Souverain, qui vient en stage dans le pays profond du Québec au bureau politique d’un député fédéral indépendant : à Prescott-Makadewà-Rapides-aux-Outardes. C’est le pays profond certes, mais c’est un immense comté qui ferait plus de six fois la superficie d’Haïti ! Le comté n’existe pas pour de vrai, n’allez pas le « googler ». Cependant sachez tout de même que la province du Québec à elle seule fait 60 fois la superficie d’Haïti et plus de deux fois celle de la France !
Le jeune stagiaire débarque avec « De l’esprit des lois » de Montesquieu, « De la démocratie en Amérique » d’Alexis de Tocqueville et le fameux « Du contrat social » de Jean Jacques Rousseau pour tenir son rôle d’assistant de député ! L’intrigue : le député doit départager un vote au Parlement Canadien à Ottawa qui décidera si le Canada s’en va-t-en guerre. Mais, entretemps le député Guibord doit aussi gérer des inimitiés dans son comté entre autochtones et descendants d’immigrés (suivez mon regard…) qui spolient la terre des Algonquins !
Souverain qui communique régulièrement avec sa famille dans un cyber café au Cap-Haïtien propose à son mentor une consultation du « petit » comté (petit, en termes de population) : une « fenêtre de la démocratie directe ». Au fil des jours, c’est toute une communauté capoise qui se retrouve en première loge pour assister au développement de l’affaire. Dangélo Néard, jouant le rôle du frère de Souverain, devient le grand animateur du cyber café, il fait le relai entre la population capoise qui suit le déroulement de l’affaire Guibord de très près et Souverain qui est au cœur de l’action. On sent dans son rôle que Dangelo s’est un peu inspiré des fameux Professeurs-débatteurs du Champ-de-Mars.
« Guibord s’en va-t-en guerre » avec ses pointes sur Haïti, comme « on ne peut pas renverser le gouvernement, parce qu’on n’est pas en Haïti », la musique « Haïti chérie » (version troubadour), les images du Cap (de vraies, pas des images montées dans un studio à Hollywood) est vivement recommandé ! Le proverbe créole à la fin tombe mal…vraiment de trop ; le clin d’oeil fait sourire mais l’on s’attendait à une réplique plus cinglante du député après la brève apparition du Premier Ministre avec une députée tirée de son lit comateux pour venir donner le vote décisif que Guibord croyait posséder. La députée, hébétée, dans sa chaise roulante, ne pipa mot, un sérum suspendu à une tige attachée au bras du fauteuil roulant dans l’enceinte du Parlement d’Ottawa! Enfin, la fin dérape un peu…mais il reste une bonne blague comme toute bonne comédie !
Bon, j’aurais pu en dire plus. Peu m’en chaut, c’est une vraie satire qui vaut le coup. Vivement recommandé, pas parce qu’Haïti est présente mais parce que les acteurs sont bons, l’histoire tient la route, la leçon démocratique et tout le dilemme qui vient avec remontent son prestige et surtout le film garde le rire sur les lèvres ! « Guibord s’en va-t-en guerre » même satiriquement met à l’honneur le hockey, le Québec, la France, Haïti et les communautés autochtones du Canada entre humour et émotion! C’est une comédie bien réussie ! Bravo !
« Guibord s’en va-t-en guerre » sera diffusé au Festival du film francophone de Port-au-Prince c’est à 7h PM sur la Place Boyer ce lundi 27 mars 2017.
Yvens Rumbold
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