Les acteurs politiques et activistes environnementaux en général se tournent vers l’économie pour trouver des solutions aux problèmes de l’environnement. Des spécialistes expliquent cette tendance par le fait que l’économie est l’étude des moyens de gestions des ressources limitées. L’environnement tel que nous en disposons, constitue une ressource limitée, laquelle relève, par conséquent, du domaine de l’économie. La mise en relation de l’économie et du développement se fait en fonction de deux axes prioritaires: d’abord l’importance des facteurs économiques dans la prise en charge de la question environnementale et
La majorité des études et politiques en vigueur, en termes d’instruments économiques utilisés aux fins d’amélioration de problèmes environnementaux, s’applique aux pays développés confrontant des problèmes comme la pollution excessive résultant d’une activité économique intense au niveau des usines notamment et, mesurée en termes d’émission de carbone. Parmi ces instruments, les gouvernements des pays développés perçoivent des écotaxes, lancent des incitatifs financiers et des redevances. L’Allemagne, à titre d’exemple, a initié le principe pollueur payeur, facturant les compagnies causant le plus de tort, les grands pollueurs. Toutefois la réalité est différente dans les pays moins développés. En Haïti par exemple, nous devons trouver nos propres moyens de résoudre nos problèmes environnementaux en adaptant les outils à notre réalité.
Le modèle classique fortement connecté à la perception générale soutient que les activités économiques se feront toujours au détriment de la protection et de la sauvegarde de l’environnement. Des études ont contredit ces affirmations et maintenant on peut citer l’hypothèse de Porter comme l’un des exemples proéminents du courant d’idées opposé. Toutefois, plus des études sont entreprises sur le sujet, plus les résultats sont nuancés. On ne peut donc affirmer sans réserve que la réduction des impacts environnementaux n’entraine pas de pertes économiques. Cependant, l’Allemagne, un pays modèle en termes de protection de l’environnement et d’économie verte, a su développer des alternatives aux pratiques polluantes sans aliéner sa croissance et sa stabilité économique.
Il n’en reste pas moins qu’Haïti ne peut s’inspirer du modèle allemand. Les principaux problèmes environnementaux haïtiens sont le déboisement excessif, l’exploitation incontrôlée des mines et carrières, le changement climatique. La pollution causée par les usines, les voitures et autres sources reste infime. Cependant, l’enjeu demeure de taille car le pays est à la merci des inondations entrainant à chaque fois des pertes en vies humaines et animales, des destructions de récoltes, d’espèces végétales et animales, l’inflation etc.
Pour résoudre nos problèmes environnementaux, il faut d’abord identifier les secteurs causant le plus de tort à l’environnement par exemple les producteurs de charbons de bois, les ateliers de menuiseries et les ménages de zones rurales utilisant le bois directement pour la cuisson. Ensuite, il faut évaluer le coût des atteintes à l’environnement et le bénéfice tiré de ces activités. Cette opération reste difficile mais elle n’est pas néanmoins impossible. Des données complètes sont nécessaires comme base de toute analyse économique fiable. La troisième action serait de structurer et de régulariser la coupe de bois pour que le taux de déboisement soit minime comparé au taux de reboisement. Le gouvernement s’il veut effectivement résoudre le problème de déboisement, devrait pénaliser l’exploitation abusive du bois en exigeant par exemple l’achat d’un permis pour la vente du charbon de bois, ce qui sera difficile vu la place majeure de l’informel dans le commerce à travers le pays. Pénaliser l’exploitation du bois revient à pénaliser les menuisiers, charpentiers et les plus pauvres qui n’ont d’autres recours que le charbon de bois pour la cuisson de leur repas. Le gouvernement doit encourager la transition de l’usage du charbon de bois aux réchauds à gaz en faisant en sorte de supporter une partie du coût de ces réchauds et autres alternatives au charbon de bois. Ce financement pourrait prendre la forme d’aide à la conception de ces dites alternatives ou à une réduction voire une élimination des taxes sur ces produits les rendant ainsi plus abordables pour les ménages aux faibles revenus.
Les ateliers de menuiserie utilisent des méthodes traditionnelles qui absorbent un volume plus élevé de bois. Le gouvernement pourra faire venir des experts et en collaboration avec ces derniers et des professionnels haïtiens, concevoir de nouvelles méthodes pouvant réduire la quantité de bois utilisé. Le Venezuela vient de battre un record de reboisement, Haïti pourrait s’en inspirer et lancer au moins deux journées de reboisement où chaque citoyen serait appelé à planter un arbre. Au niveau des écoles, il faut dès le plus jeune âge sensibiliser les enfants à la cause de l’environnement pour entretenir une culture de protection de l’environnement chez les citoyens haïtiens.
Les ingénieurs de l’environnement, économistes, agronomes et autres professionnels haïtiens exerçant dans le domaine de l’environnement peuvent et doivent s’unir pour apporter des solutions élaborées pouvant sortir le pays de ce marasme. Le cas d’Haïti n’est pas perdu, nous avons la possibilité de renverser le cours des événements.
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