Ce matin, j’ai posté deux tweet pleins d’humour et de fantaisie mais pas moins sérieux, car en lien, comme toujours, avec les évènements de l’actualité immédiate : la conférence sur le climat à Paris, les élections haïtiennes de 2015 et l’art des mauvais arrangements selon l’évangile de la HAMCHAM.
C’est une façon intelligente de tisser des liens entre les évènements, d’ici et d’ailleurs, qui s’enchaînent et nous entrainent dans leur délire. Du reste, je l’ai déjà dit, toutes les injustices du monde se relient par un même fil tissé par le même marchand d’horreur. Alors, il est intelligent de construire des liens parallèles pour magnifier la beauté, l’intelligence et l’humanité qui nous habitent par-delà les tentations infâmantes des marchands de barbarie.
C’est bien Albert Jacquard qui a dit que nous ne sommes rien de plus que les liens que nous tissons avec les autres. Alors ces liens ne seront que de la cendre irradiant de « mauvais arrangements » si nous sommes du côté obscur de la vie, mais ils seront des étincelles d’intelligence et d’humanité si nous sommes du côté de l’éthique et de la dignité.
Ne soyez pas surpris par le côté humoristique de mes tweet. Je pense que l’humour est une forme d’intelligence et qu’un peu de fantaisie n’exclut pas le sérieux. Certains les trouveront de préférence cyniques. Mais nous ne devons pas avoir peur du cynisme s’il doit nous permettre d’atteindre la vérité et la dignité. Ce dont il faut avoir peur, c’est de renoncer à l’éthique, à la dignité et à l’intelligence. Personnellement, je crois que si nous sommes en Haïti aussi zélés dans l’expertise des mauvais arrangements, c’est parce qu’il nous manque d’intelligence et d’humour. Manifestement, la bêtise ne triomphe que quand l’intelligence se fait rare. Et cela, les experts des mauvais arrangements, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, l’ont si bien compris qu’ils font toujours de leur mieux pour écarter les gens intelligents.
Twittez pour rester zen :
Alors, venons à me messages sur twitter. Pour leur donner vie dans ce texte, je vais les contextualiser. Car tout n’est que contexte et langage.
Mon premier tweet posté ce matin s’adresse aux acteurs de la conférence sur le climat (#COP21). Tenant compte du désir affiché de faire baisser le réchauffement climatique par la réduction des gaz à effet de serre (CO2 et autres), la COP21 devrait sérieusement envisager d’aider Haïti à éteindre l’immense fumier humain en activation qui sécrète à profusion des cendres de corruption et de mauvais arrangements. Ce foyer d’enfumage est si corrosif qu’il enfume et corrompt tout. Impossible de ne pas se salir en s’approchant de son sommet. Alors, la COP21 doit urgemment se pencher sur le problème haïtien pour soulager la planète. Car, il est bruit, selon des études, certes non encore validées officiellement, que les activités de corruption des hommes contribuent intensément au réchauffement climatique par la somme de bêtise consumée par les neurones pour secréter les mauvais arrangements. Alors bonjour climat et clin d’œil à Haïti!
Mon second, s’adresse aux acteurs de la crise haïtienne. Toujours pour rester dans l’art des mauvais arrangements, je pense qu’il faut suivre les recommandations du cercle des gagnants des élections de 2015. Poursuivons le processus électoral : le 9 aout 2015 n’a été que l’initiation des erreurs dénoncées par les mauvais perdants. Le 25 octobre 2015 est juste son développement. Et la prochaine étape ne sera que la conclusion. Mais que serait une œuvre sans sa conclusion ?
D’ailleurs, Haïti ne vaut pas plus de bonnes élections qu’il n’y aura pas suffisamment de business qui pourront prospérer dans la transparence et la libre concurrence. Faisons juste un mauvais arrangement dans la lignée de ces multiples projets de renforcement institutionnels qui ont englouti des milliards de dollars et d’euros depuis plus de trente ans au moins et n’ont produit que des dysfonctionnements. Arrêtons de perdre du temps.
L’histoire non officielle raconte que quand les Nazis emmenaient les Juifs vers la solution finale à Auschwitz dans les trains de la mort, certains mécaniciens nazis, mais pas moins consciencieux, voulaient arrêter les convois pour réparer des wagons qui menaçaient de rompre; mais l’état-major nazi, constitué en un noyau regroupant les maitres de l’horreur, une forme de Core Staff, les en empêchait, en rappelant qu’il n’était pas utile de faire une halte, pour auditer ou réparer quoi que ce soit, dans une marche certaine vers la mort.
Alors, allons au second tour sans toucher au fond du problème. A quoi sert de bonnes élections en Haïti ? D’ailleurs si le gouvernement est démocratiquement élu et s’il a un projet digne et national, il sera renversé. Alors ne perdons pas de temps. Il y a des choses plus importantes à faire en Haïti : la croissance de la corruption, la stabilité et le renforcement des dysfonctionnements institutionnels, la consolidation de l’extinction de la classe moyenne et des valeurs créatrices, rebelles et dignes du peuple haïtien , la multiplication des foyers du choléra, la primauté de l’illégalité et la valorisation de l’illégitimité des décisions judiciaires…bref tout ce qui a bien fonctionné depuis 50 ans et particulièrement, comme jamais, depuis ces 4 dernières années (c’est bien le sens du slogan pour la première fois).
L’équilibre des G pour sortir du piège de la transparence
Mais comme il y a des mauvais perdants, faisons cette « décente » concession, dans la vision de l’évangile des mauvais arrangements. Changeons le sigle et le nom du Conseil Électoral Provisoire, au lieu de CEP, appelons-le GEP pour Gang Électoral du Pouvoir. Cela évitera toute ambiguïté sur la nature des résultats et le profil des gagnants. D’ailleurs, si en face les mauvais perdants se sont réunis en un G8, qui tend subtilement, à s’agrandir pour devenir G53 ; alors, que le cercle des « bons gagnants » se regroupe autour du GEP pour équilibrer la force des G. Et que le « meilleur » gagne !
Une étincelle dans la nuit : L’intelligence de la proposition de Monsieur Rouzier.
Mais toute blague mise à part, savez-vous que la culture de l’éthique et de la morale publique dans un pays sont le reflet exact des compétences des élites de ce pays ? Car quand le président d’une chambre de commerce fait l’apologie « des mauvais arrangements » comme culture de négociation pour la croissance, cela signifie que les processus d’affaires qui supportent les activités économiques et sociales de ce pays ne sont pas éthiques pour utiliser «le mot le plus neutre qui soit ».
Reconnaissons au moins que parmi les centaines de propositions qui circulent pour résoudre « la crise permanente de l’éthique en Haïti », celle de Monsieur Daniel-Gerard Rouzier est la plus intelligente et la plus digne. Elle nous propose de consentir un effort national, sans l’aide étrangère, pour garantir la suite du processus électoral après l’avoir crédibilisé. Cela permettra d’en finir avec cette révoltante ingérence de l’étranger qui, dans sa barbarie corruptrice, nous assimile à des moins que rien.
D’ailleurs, après ces élections, il faudra répliquer cet effort national sur d’autres fronts, car il y a suffisamment de compétences valables et dignes humainement en Haïti pour remplacer l’expertise de rabais de certains projets internationaux qui structurent nos dysfonctionnements. Je veux notamment parler des projets qui doivent mobiliser des compétences en gestion des technologiques (informatiques et statistiques) pour le management du service public (justice, éducation, santé et collectivité territoriale). Evidemment, j’aurai dans d’autres post à revenir sur ce point pour montrer l’incohérence et l’amateurisme des projets en œuvre actuellement en matière de gestion des technologies pour la gouvernance du service public.
Mais pour revenir à la proposition de Monsieur Daniel G. Rouzier, elle est la plus conciliante entre les tentations extrêmes d’une improbable transition dont nous n’avons pas les clés de la réussite et les horreurs des mauvais arrangements. Toutefois il faut récuser un des points de la proposition de Monsieur Daniel Rouzier pour qu’elle puisse s’inscrire dans la rigueur de la démarche de crédibilisation de ces élections. Si nous contestons les résultats du 25 octobre, nous ne pouvons pas nous y référer pour choisir ceux qui vont au second tour. Il faut un autre mécanisme pour déterminer la poursuite du processus. Et c’est en cela que nous devons faire appel à l’intelligence. Trouvons le « BON COMPROMIS » national pour choisir une confrontation entre 5 des meilleurs projets de société (parmi les 54) qui peuvent nous conduire vers l’émergence d’un leadership national crédible, intelligent et consensuel.
Une crise est souvent l’opportunité pour que l’intelligence surpasse la bêtise et réinvente la raison…Alors que les forces vives et dignes de ce pays, s’il en reste encore, se mobilisent autour de la proposition de Monsieur Rouzier pour nous sortir de cette logique de mauvais arrangements.
Erno Renoncourt
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