Au beau milieu de nos conflits avec le pays voisin, notre dépendance économique et commerciale non réciproque par rapport à
Il existe peu voire aucune barrière à l’entrée dans notre marché. Nos produits locaux ne sont pas protégés par des quotas d’importation notamment sur les produits agricoles qui pourraient être fixés par le gouvernement. Les citoyens haïtiens ne démontrent pas non plus ce besoin de consommer « haïtien », alors que notre marché est ouvert à tous et qu’il absorbe tout ce qu’on lui propose du moment qu’un Tdjo ou un Tonton Bicha en fait la promotion à la télévision. Aussi, ce marché représente une opportunité alléchante pour tout commerçant étranger, principalement ceux de notre pays voisin, mais également ceux des autres pays de la Caraïbe et des Amériques. Comment
Cette importation effrénée cause de grands torts aux producteurs et investisseurs nationaux. Les entreprises haïtiennes disparaissent ou se font acheter d’année en année, et le séisme de 2010 n’a fait qu’empirer les choses. Nos producteurs locaux peuvent difficilement rester à la hauteur de la concurrence imposée par ces grands joueurs internationaux qui ont un coût de production beaucoup moins élevé que le nôtre. Ces entrepreneurs locaux ne réalisent pas assez de bénéfices sur leurs investissements ce qui les pousse à discontinuer leur production. Nos pratiques agricoles encore souvent rudimentaires ne nous permettent pas d’avoir une production de masse et ainsi de réaliser des économies d’échelle pour être plus ou moins rentables. Qui pis est, les produits haïtiens se trouvent souvent méprisés par les consommateurs haïtiens qui choisissent les produits étrangers plus accessibles, particulièrement à cause de leur meilleur prix. Les produits étrangers sont habituellement mieux emballés, les fruits et les légumes sont plus gros et plus attirants, je peux dire ! Tandis que les nôtres, victimes d’une carence d’engrais de qualité et de pesticides efficaces, dépourvus de produits chimiques, ont une allure naturellement imparfaite.
Je me rappelle encore quand, durant mon enfance, mes parents priorisaient toujours les produits haïtiens, surtout les fruits et légumes. Je ne comprenais jamais et je me demandais toujours pourquoi se donner autant de peine pour un produit qui a plus ou moins le même goût et qui était moins accessible. Pourquoi boire un jus de fruits naturels tous les matins, tandis que mes camarades à l’école buvaient du «
En effet, notre consommation de produits locaux est un investissement dans le renforcement de l’économie haïtienne. Cet investissement profite à la marchande qui se lève de très tôt pour se rendre au marché, à ce camionneur qui transporte ces produits ou aliments, à ce détaillant qui espère réaliser un maigre bénéfice et aussi à cet agriculteur qui se débrouille tant bien que mal pour travailler et faire fructifier ses terres. Ce salaire que vous avez si durement gagné, dont une fraction est dépensée pour l’achat d’un avocat produit localement, permettra aux différents maillons de la chaine de valeur d’engranger des revenus jusqu’à renverser, un jour, la balance commerciale du côté haïtien.
Néanmoins, cette situation de déséquilibre commercial restera la même si NOUS, consommateurs haïtiens, ne démontrons pas le besoin de consommer local. Comme chantait le groupe de rap créole « Barikad Crew » dans leur meringue carnavalesque de cette année « Peyi a toutouni »; nous ne produisons presque rien, en comparaison à ce que nous importons des pays étrangers. Il est de notre devoir de citoyen de contribuer au développement du pays en intégrant des petits changements dans notre vie quotidienne qui encourageront la production nationale. Et nous pouvons commencer, sans aller chercher trop loin, si ce n’est qu’au prochain carrefour, où nous rencontrons tous les jours, une marchande de n’importe quel produit local.
.
Une citoyenne concernée,
.
Comments