CULTUREEN UNETRAVEL

« Ayiti se la pouw la, men se siw ka la… »

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Je suis cet haïtien émotif qui s’émeut à la vision captivante d’un paysage verdoyant ou encore qui fond littéralement face à la kyrielle de couleurs qui enflamme le ciel quand le soleil se couche derrière les montagnes ; je suis passionné par la simplicité de nos paysans de l’arrière-pays, les vagues  et le sable à perte de vue ; je crois que le plaisir que m’inspire ces images est tout simplement orgasmique, alors oui, je suis un passionné du tourisme local, et dès que j’en ai les moyens et le temps je ne m’en prive pas. J’ai par ailleurs un boulot qui me permet de joindre l’utile à l’agréable en organisant de fréquentes rencontres dans les différents établissements hôteliers « cinq hibiscus » de la capitale ou encore sur la côte des Arcadins, franchement que demander de plus.

Mais je me suis hasardé une fois à compiler la facture de ces escapades toujours de trop courtes durées à mon gout, simplement dans l’idée de pouvoir m’offrir la possibilité d’en faire l’expérience en dehors du cadre du travail, bien-sûr avec ma douce moitié. J’ai été renversé, ou disons que le montant qui s’affichait sur l’écran de ma calculatrice m’a renversé. J’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises en faisant les comptes, croyant que j’avais multiplié les valeurs au lieu de les additionnées. Mais cela n’y changeait rien, cette somme qui éloignait de moi la perspective de ce projet que je caressais depuis si longtemps, semblait me narguer. Et pourtant même étant relativement bien payé au boulot (Si l’on considère la pitance que gagne la grande majorité), je devais quand même avouer que le sacrifice qu’une telle entreprise nécessitait dans mon cas, équivalait à un suicide économique (N’exagérons rien disons mieux, l’équivalent de deux mois de salaire.)

Et pourtant partout sur les réseaux sociaux ou grâce à la radio-télé diffusion on fait la propagande du tourisme local. Le fameux slogan « Ayiti se la pouw la.. » fais rage partout où l’on porte le regard. Mais est-ce que ces services en matière de tourisme prennent en compte la réalité économique du pays ? Est-ce que ma gourde voit d’un bon œil le fameux dollar qui se pavane après chaque chiffre sur les cartes de menu de ces restaurants haut de gamme, ou les tarifs pratiqués par ces fameux établissements de loisirs qui me font tant rêver ? Dois-je vivre à la manière de Job afin de museler ma bourse pour m’offrir un weekend dans ces endroits paradisiaques, où sitôt le seuil franchi le clignotement plus qu’évident de la section « EXIT » semble me rappeler sans cesse que le top chrono pour ces quelques moments de plaisir a démarré et que je ne suis que de passage ?

Bref, Ayiti se la pou’w la, men se si’w k la !

Casimir Wendy Wladimir

La rédaction de Ayibopost

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