Haïti et sa jeunesse n’ont plus le doit à l’erreur. Le Nouvel An qui n’est qu’une délimitation chronologique à travers les âges ne peut, face à la gravité de la conjoncture socio-économique et politique du pays, être une année de plus, de la longue marche vers le néant incertain de l’histoire. Car, aujourd’hui encore, les plaies béantes des multiples crises amorcées les années écoulées se creusent, et rongent les maigres ressources humaines de notre mère Patrie.
2014 disparaît, mais la crise demeure. Cependant, 30 ans environ après le mouvement démocratique de 1986, une génération se réveille timidement, tout en construisant un réseau assez compact et diversifié. Plusieurs mouvements de jeunes pendant ces derniers mois tentent à leur manière de structurer cette catégorie sociale, de présenter une autre image de la jeunesse et de prendre position durant les heures de turbulences.
D’abord, Le Gouvernement Jeunesse Haïti, projet de simulation politique de l’Association des Volontaires pour la Démocratie a multiplié des ateliers de travail avec des entités de l’état – MENFP, MJSAC entre autres – pour une meilleure prise en compte de cette catégorie sociale dans les politiques publiques du gouvernement. Ensuite, L’Observatoire de la Jeunesse haïtienne, une plateforme regroupant une vingtaine d’organisations de jeunes à travers le pays, très présent au cours de l’année 2015, priorisant un militantisme actif comme les mouvements sociaux féministes à quant à lui, élaboré des propositions de sortie de crise et participé activement aux débats sur la crise électorale que connaît notre Haïti. Et, la Convention nationale des Jeunes, constituée durant les derniers mois 2015 par des jeunes actifs dans le milieu politique se sont attelés à l’élaboration d’un Pacte national d’Intégration de la Jeunesse, à partir duquel elle compte organiser toute une série de plaidoyers durant l’année 2016.
Ces trois larges structures de jeunes entre autres, avec trois manières d’intervention distinctes ont apporté un nouvel élan à cette catégorie sociale, couplées à l’engagement individuel de nombreux jeunes dans divers secteurs d’activités culturels et médiatiques, qui ont su briller par leurs productions. Amorcée silencieusement, cette dynamique promet d’être intense durant l’année 2016, car souvent exclu des grands débats nationaux faute d’organisation, ce secteur se dote petit à petit de nouvelles structures que les jours ne font que mûrir et apporter de nouvelles expériences pour mieux aborder la complexité de la réalité haïtienne.
30 ans après 1986, suite à un revers sans pareil subi par de nombreux jeunes candidats aux récentes élections de 2015, cette nouvelle génération se réveille à un moment où différents acteurs impliqués directement dans la crise politique agitent l’idée de Conférence nationale, pouvant prendre en compte les aspirations des multiples composantes de la société, d’une part. D’autre part, ce fait coïncide au carrefour historique dans lequel de nouveaux dirigeants devront investir les rênes du pays, pour le renouvellement du personnel politique. Aubaine pour alimenter les débats autour de l’implémentation de véritables politiques publiques de jeunesse et investir, à l’aune des compétences acquises, les espaces de décisions politiques.
Dorénavant, le combat de la jeunesse ne peut plus se confiner aux seules luttes pour son intégration sociale, économique et politique. La force des choses veut qu’il se tisse des réseaux, aussi, mais surtout, autour de la crise structurelle, soubassement de l’inégalité criante et la décadence accélérée d’Haïti depuis plusieurs décennies.
En ce Nouvel An, la rupture se consomme, rien ne sera comme avant pour les fils et filles engagés (ées) de la transition démocratique, car la génération d’avant tire la révérence. Toutefois, les forces conservatrices, réfractaires au changement, ne peuvent être vaincues que par un large consortium entre les différents mouvements de la génération montante post 86, pour discuter leur vision du monde. Ainsi, la jeunesse haïtienne prend rendez-vous avec l’histoire à un moment où Haïti vit ses heures les plus sombres à tous les niveaux. Lourd héritage partagé. Destin unique entre Haïti et sa jeunesse. Cette dernière n’a pas d’autre choix que de se mettre à la hauteur de ses responsabilités.
Que la GÉNÉRATION MONTANTE POST 86, s’impose… 30 après !!!!
Stanley Emmanuel AUGUSTIN
Jeune Citoyen engagé et Défenseurs des Droits Humains
Image: Atelier-RFI
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