Sur la plage qu’elle semble visiter pour la première fois, l’adolescente n’a pourtant d’yeux que pour
Je finis par comprendre qu’elle veut capturer dans son autoportrait non seulement son buste mais aussi toutes les nuances de bleu de la mer derrière elle. Ce qui, au bout du compte, nécessite une véritable acrobatie si elle tient à ne pas manquer une partie de sa tête ou de ses oreilles. Le temps d’une pause, la jeune fille sourit au petit écran.
C’était fin 2013. Et à ce
Et pour cause! En moins de deux ans, la nouvelle tendance a fini par générer ses adeptes, ses accros, ses gadgets, ses variances, ses techniques, en gros, sa propre économie. Et cette année, l’anglicisme « selfie » et son équivalent québécois « égoportrait » rentrent dans Le Petit Larousse et le Petit Robert.
A l’heure des mini-écrans, cette mode d’autoportrait a pris une place dans le quotidien de plus. De nos jours, à quoi sert un photographe privé? A défaut d’être une vedette, on est devenu son propre paparazzi. La photo une fois prise est vite publiée sur les médias sociaux. Les commentaires, les « partage », les « like » s’ensuivent et, comme dans un groupe d’entraide mutuelle, on « s’entrelike ».
Moi aussi, depuis la démonstration sur la plage, j’en suis devenu un adepte assez appliqué. Post après post, je fais de temps à autre mon petit devoir de Facebook et d’Instagram. Selfie au travail, selfie dans la rue, selfie dans les fêtes… Je varie le décor. J’anticipe, bientôt qu’il me faudra aussi varier mon sourire. Et pourquoi pas, mon look, mes uniformes, ma compagnie… Ou tout simplement arrêter mon défilé de mode, un petit peu, ou totalement. Et me laisser photographié au besoin par une autre personne au lieu de passer des minutes à tenter « selfies » prêts-à-poster.
Enfin, qui sait jusqu’où les technologies bousculeront nos habitudes et nos rapports avec le monde? Peut-être
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