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Lyonel Trouillot | Oui… et non

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Référendum, obligation politique pour avancer, disaient les gens de pouvoir. Que de temps perdu ! Que d’argent dépensé à multiplier les prétendues concertations, payer les prétendus experts, organiser les prétendues rencontres, rédiger les propositions de modifications et les propositions de nouvelles constitutions

Commissions par ci… Commissions par là. Experts étrangers et nationaux… Une Constitution jamais appliquée accusée de tous les maux, qu’il fallait amender, réamender, voire remplacer par un condensé de raccourcis renforçant le pouvoir d’un futur président et limitant la représentation populaire.

Une majorité qui se souvenait que cette Constitution était sa principale sinon sa seule conquête avec une relative liberté d’expression depuis la chute de la dictature des Duvalier. Une majorité qui s’opposait à cette volonté de certains membres de la « communauté internationale et de certains politiques haïtiens de se défaire de la constitution. Une majorité qui refusait de conclure à l’inapplicabilité d’un texte qu’on n’avait jamais vraiment tenté d’appliquer. Une confrontation annoncée entre cette majorité et les pourfendeurs de la constitution de 1987.

La « communauté internationale », les politiques haïtiens au pouvoir n’ont inspiré que méfiance et rejet.

Referendum, obligation politique pour avancer, disaient les gens de pouvoir. Que de temps perdu ! Que d’argent dépensé à multiplier les prétendues concertations, payer les prétendus experts, organiser les prétendues rencontres, rédiger les propositions de modifications et les propositions de nouvelles constitutions.

Il y en a quelques-uns qui devraient avoir honte. Aujourd’hui, le CPT et le « gouvernement » parlent d’élections sous l’égide de la mal aimée constitution de 1987. La modifier, voire la changer, n’était donc pas d’une nécessité absolue comme d’aucuns ne cessaient de le clamer. Persister dans cette voie, c’était folie. Toute consultation populaire véritable aboutirait au rejet des nouvelles propositions.

La « communauté internationale », les politiques haïtiens au pouvoir n’ont inspiré que méfiance et rejet. Il y a de cela dans l’abandon de leur lubie. Il y a aussi le fait que les conditions sont loin d’être réunies pour une quelconque consultation populaire.

Et cela ajoute au ridicule de leur démarche : si les conditions ne sont pas réunies pour un referendum sur la constitution, comment pourraient-elles être réunies pour la tenue d’élections ! Encore du côté du ridicule, ce sont ceux-là même qui prêchaient l’urgence de modifier la constitution qui ont fait pression sur le CPT pour qu’il abandonne l’idée du referendum. Ce sont des choses qui arrivent quand un pouvoir se fait yoyo.

Envolée aussi la Conférence nationale. Demeure l’impossibilité de tenir des élections dans les mois qu’il reste au CTP. Le seul véritable objet de discussion – cela se passe sans doute en coulisses – c’est quelle sera la situation politique du pays en février 2026. C’est de cela dont les politiques devraient se préoccuper. C’est en préparation de cela qu’ils devraient orienter leurs actions.

Toutes les fois que des pouvoirs ont trop méprisé le degré de mécontentement populaire, ils en ont fait les frais. Comme les maîtres étrangers peuvent vous forcer d’abandonner un projet de Constitution dans lequel vous avez investi des millions et le temps d’un peuple, ils peuvent vous forcer d’abandonner un pouvoir que seul leur support vous confère aujourd’hui.

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Source Photo couverture : Manifestation le 29 mars 2022. Photo de Valérie Baeriswyl

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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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