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Opinion | Fragments d’une crise continentale

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Sous la domination espagnole et portugaise, la violence coloniale s’est concentrée sur l’appropriation des ressources naturelles à travers le génocide et l’exploitation des populations autochtones. Les mines de Potosí (Bolivie) en sont un exemple emblématique, où l’on estime que près de huit millions d’indigènes ont perdu la vie à cause de cette exploitation.

Notes pour une relecture de Les veines ouvertes de l’Amérique latine d’Eduardo Galeano

Fragment I : La violence

« Nous gardons un silence qui ressemble beaucoup à de la stupidité », écrit Eduardo Galeano au début de son ouvrage Les veines ouvertes de l’Amérique latine (1971). 

Ce livre dénonce l’exploitation historique du continent et a été interdit pendant les dictatures au Chili, en Uruguay et en Argentine, en raison de son contenu subversif. Avec le temps, l’ouvrage est devenu une référence décoloniale, et son importance a été réaffirmée en 2009 lorsque Hugo Chávez l’a offert à Barack Obama, soulignant ainsi l’actualité des injustices structurelles.

L’œuvre est divisée en deux parties. Dans la première, La pauvreté de l’homme comme résultat de la richesse de la Terre, Galeano décrit le génocide des populations indigènes et le pillage des ressources naturelles comme l’or et l’argent. 

Dans la seconde, Le développement est un voyage avec plus de naufragés que de navigateurs, il analyse comment les structures de dépendance économique et politique ont continué à asservir l’Amérique latine au XXᵉ siècle. 

Ces deux parties sont unies par la relation entre exploitation et inégalité, une dynamique qui traverse les différentes périodes historiques, depuis les mines de Potosí jusqu’aux politiques du Fonds monétaires international ( FMI ).

Bien que l’on mette souvent en avant la systématisation historique de Galeano, son œuvre esquisse également une généalogie implicite de la violence dans la région. 

Cet article propose d’explorer les typologies de violence qui ont marqué l’histoire de l’Amérique latine en les organisant en quatre catégories, à savoir: la violence coloniale et extractiviste, la violence économique et liée au travail, la violence politique : dictatures et répression et la violence structurelle et inégalités persistantes.

Les catégories de la violence

Les catégories suivantes résument les différentes formes de violence abordées dans l’œuvre de Galeano. Bien que son analyse soit vaste et complexe, ces catégories visent à mettre en lumière l’ampleur de son étude.

Violence coloniale et extractiviste (XVIᵉ-XVIIIᵉ siècles)

Sous la domination espagnole et portugaise, la violence coloniale s’est concentrée sur l’appropriation des ressources naturelles à travers le génocide et l’exploitation des populations autochtones. Les mines de Potosí (Bolivie) en sont un exemple emblématique, où l’on estime que près de huit millions d’indigènes ont perdu la vie à cause de cette exploitation. Ce pillage n’a pas seulement coûté des vies humaines, mais a aussi détruit des cultures entières.

Violence économique et liée au travail (XIXᵉ siècle)

L’impérialisme britannique et américain a mis en œuvre une violence économique basée sur l’exploitation de la main-d’œuvre. En Amazonie, des entreprises étrangères ont réduit en esclavage des communautés autochtones pour extraire du caoutchouc à travers la torture et le travail forcé. De même, les plantations de bananes en Amérique centrale, contrôlées par la United Fruit Company, ont conduit à des massacres comme celui des Bananeraies en Colombie, où environ 1 000 travailleurs ont été tués.

Alors que la violence coloniale et extractiviste dévastait les ressources naturelles et les cultures autochtones, la violence économique et liée au travail a construit un système global d’exploitation où la richesse s’écoulait vers des puissances étrangères aux dépens de la misère des majorités, perpétuant un cycle de subordination et d’inégalité qui a défini le XIXᵉ siècle.

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Violence politique : dictatures et répression (XXᵉ siècle)

Galeano analyse également comment les puissances étrangères, en particulier les États-Unis, ont soutenu des dictatures en Amérique latine au XXᵉ siècle pour garantir leurs intérêts économiques et géopolitiques. Des régimes autoritaires comme ceux de Rafael Trujillo en République dominicaine ou de la famille Somoza au Nicaragua ont institutionnalisé la violence comme moyen de répression.

L’impérialisme britannique et américain a mis en œuvre une violence économique basée sur l’exploitation de la main-d’œuvre.

Violence structurelle et inégalités persistantes (XXᵉ siècle)

Après l’indépendance, les élites locales ont pris le pouvoir et ont perpétué des dynamiques d’exclusion. Dans ce contexte, la répression ne provient plus seulement des puissances étrangères, mais aussi des gouvernements et groupes de pouvoir locaux, qui utilisent l’appareil étatique pour maintenir leur contrôle. 

La violence structurelle se manifeste dans la pauvreté et les inégalités qui touchent la majorité de la population, ainsi que dans des politiques publiques discriminatoires et des appareils d’État répressifs.

La persistance de la violence en Amérique latine

À travers ces catégories, il devient possible de comprendre comment la violence en Amérique latine n’est pas seulement une part de son histoire, mais demeure un modèle structurel et récurrent dans de nombreux pays, où elle est normalisée et reproduite sous de nouvelles formes.

Un exemple actuel de violence coloniale et extractiviste est visible en Amazonie brésilienne, où l’exploitation minière illégale continue de détruire les ressources naturelles et de menacer les communautés indigènes.

La violence économique et liée au travail persiste dans les salaires dérisoires, en particulier dans les zones industrielles comme les maquilas du Guatemala, où des marques internationales comme Nike profitent de conditions de travail précaires. 

Par exemple, si un t-shirt Nike coûte 50 USD, le travailleur qui le produit ne gagne que 1,2 USD par pièce, soit environ 2,4 % de sa valeur.

La violence politique actuelle utilise la répression « institutionnelle » et la militarisation. Au Mexique, la militarisation, justifiée par la lutte contre le crime organisé et renforcée par la création de la Garde nationale, a exacerbé les violations des droits humains. Cette situation est aggravée avec la Loi sur la Sécurité Intérieure et d’autres cadres juridiques qui accordent une protection spéciale aux militaires, empêchant les citoyens de déposer des plaintes ou de poursuivre des membres des forces armées contre leurs abus.

Au Salvador, le régime de Nayib Bukele a criminalisé massivement les jeunes, avec des milliers de personnes emprisonnées sans preuves claires, reflétant une criminalisation de la pauvreté et un manque d’opportunités.

La violence économique et liée au travail persiste dans les salaires dérisoires, en particulier dans les zones industrielles comme les maquilas du Guatemala, où des marques internationales comme Nike profitent de conditions de travail précaires. 

La lecture de Les veines ouvertes de l’Amérique latine révèle que les cicatrices de la colonisation sont profondément imbriquées dans les systèmes économiques et politiques actuels.

Cet article, le premier d’une série de trois, a exploré les manifestations et connexions de la violence sur le continent. 

Le prochain abordera les liens entre narcotrafic et extraction minière, tandis que le troisième traitera des migrations et du trafic d’êtres humains, de nouvelles formes d’exploitation qui traversent nos frontières. Car dans les échos de Galeano résonne encore l’urgence de transformer une histoire fragmentée qui continue de saigner.


Fragment II : Minéraux et drogues  

Les minéraux métalliques font partie intégrante de notre quotidien, même si nous n’en sommes pas toujours conscients. 

Par exemple, les téléphones portables contiennent de l’or et du cuivre pour faire fonctionner leurs circuits ; les ordinateurs nécessitent de l’aluminium et du cuivre, et les voitures utilisent de l’acier et de l’aluminium pour être plus légères. Même dans la cuisine, les casseroles sont fabriquées à partir de matériaux tels que le fer ou l’acier inoxydable, des alliages de métaux. 

Ces ressources sont essentielles pour la production de nombreux biens technologiques et industriels.  

D’un autre côté, les drogues, des substances qui modifient le système nerveux central, occupent également une place dans notre réalité actuelle. Elles fonctionnent au sein d’un réseau de production et de consommation qui, bien qu’il ait des effets dévastateurs sur la santé et les structures sociales, représente une source importante de revenus.

Parmi elles, la cocaïne, l’héroïne et les méthamphétamines se distinguent par leur rentabilité, alimentant des économies illicites qui dépassent les frontières.  

Un lien inattendu : minéraux et drogues  

À première vue, les minéraux métalliques et les drogues semblent être des phénomènes totalement différents. Pourtant, ils partagent des points communs : ils sont tous deux au centre de conflits territoriaux qui déstabilisent les communautés, nuisent à la santé et dégradent gravement l’environnement.  

En Amérique latine, l’extraction minière illégale constitue un moyen de blanchir l’argent du trafic de drogue. Par ailleurs, les grandes entreprises minières ne sont pas étrangères à ces dynamiques. 

Un exemple frappant est celui de la collaboration entre l’entreprise Grupo México et le cartel de Sinaloa dans l’État de Sonora, au Mexique. 

Selon l’ouvrage Mexique à ciel ouvert de Jesús Lemus, cette alliance a permis à l’entreprise de consolider son contrôle sur la mine de cuivre de Cananea, l’une des plus grandes du pays. Dans ces cas, la violence devient un outil stratégique pour expulser les communautés locales et consolider la domination territoriale. 

En Amérique latine, l’extraction minière illégale constitue un moyen de blanchir l’argent du trafic de drogue.

Nettoyage des territoires : une tactique commune

  Le « nettoyage des territoires » est le point de connexion entre ces deux réalités. Cette pratique consiste à utiliser une violence extrême et des stratégies d’intimidation pour expulser des communautés, éliminer toute forme de résistance et garantir un contrôle total sur une région. Ce phénomène a été documenté aussi bien dans les zones d’extraction minière que dans celles touchées par le trafic de drogue.  

Un rapport de Global Witness en 2023 indique que l’exploitation minière est le secteur le plus meurtrier pour les défenseurs de l’environnement. 

En Amérique latine, 166 militants ont été assassinés cette même année, la majorité d’entre eux en lien avec des conflits impliquant des entreprises extractives.  

Conséquences sociales et environnementales 

 En Argentine, la mine de Veladero, exploitée par Barrick Gold, est un exemple éloquent des conséquences environnementales de l’industrie minière. Des fuites de cyanure, un produit chimique utilisé pour extraire l’or, ont été signalées à plusieurs reprises.

En Amérique latine, 166 militants ont été assassinés cette même année, la majorité d’entre eux en lien avec des conflits impliquant des entreprises extractives. 

L’intoxication au cyanure peut provoquer des symptômes graves tels que des difficultés respiratoires, des vertiges et des pertes de conscience. Dans les cas extrêmes, l’exposition peut être mortelle.  

De plus, l’extraction de la cocaïne en Colombie entraîne une déforestation massive.

Selon un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), entre 2017 et 2020, environ 212 000 hectares de forêts tropicales ont été détruits à cette fin

Cette activité pollue également les rivières avec les produits chimiques utilisés pour transformer les feuilles de coca en pâte de cocaïne, affectant les écosystèmes et les communautés locales.  

Un crime organisé transnational  

L’industrie minière et le trafic de drogue fonctionnent comme des structures de crime organisé transnational. Les grandes entreprises minières et les cartels criminels bénéficient tous deux de la domination territoriale et de l’exploitation des ressources, tout en laissant derrière eux une traînée de destruction environnementale et sociale qui perpétue des cycles de pauvreté et de violence.  

Ce deuxième fragment, Minéraux et drogues, approfondit les problématiques complexes auxquelles les pays d’Amérique latine sont confrontés en raison de l’exploitation de leurs ressources naturelles et des dynamiques de pouvoir qui alimentent leur spoliation. Le premier fragment, Les veines ouvertes de l’Amérique latine, avait déjà abordé comment le pillage colonial et l’extraction des ressources ont marqué l’histoire de la région, alimentant les inégalités et asservissant les communautés à un cycle constant d’exploitation.  

Le troisième fragment de cette série portera sur la migration forcée causée par ces processus. Il examinera comment ces dynamiques poussent les populations à abandonner leurs foyers en quête de survie.  


Fragment III : Poulailler

L’impact différencié et la résistance collective

« J’ai 30 ans, je suis hondurienne et mère de deux enfants. J’ai perdu mon emploi dans mon pays, et c’est ce qui m’a obligée à partir. Je suis partie avec un groupe de dix personnes, la plupart voyageaient aussi pour la première fois hors du Honduras. Quand je suis arrivée au Mexique, nous avons été kidnappés. C’était en traversant la frontière par Tapachula. Des personnes armées, le visage couvert, opèrent comme un système clandestin organisé : elles utilisent des moto-taxis, des minibus, des camions et des voitures privées. Le transport est contrôlé. Personne n’arrive à la destination prévue ; à la place, on t’emmène au ‘poulailler’.  

Quand je suis arrivée, il y avait au moins 400 personnes. Dans les cinq minutes suivantes, un camion est arrivé avec 60 autres personnes, et d’autres véhicules continuaient d’arriver. Pendant mon séjour là-bas, je n’ai vu aucune nourriture. Nous avons payé l’équivalent de 200 dollars pour sortir. Une fois que tu paies, on te marque avec un dessin d’un coq, indiquant que tu peux continuer ton chemin. »  

Voici le témoignage de Carmen, une histoire partagée par des centaines de migrants. 

Le « poulailler », d’après ceux qui en ont été libérés, est une ferme abandonnée près de Ciudad Hidalgo, dans l’extrême sud du Chiapas.

Au Mexique, la migration haïtienne a connu une augmentation notable ces dernières années. En 2023, Haïti est devenu le principal pays d’origine des demandes d’asile auprès de la Commission mexicaine d’aide aux réfugiés (Comar), avec un total de 44 239 requêtes. 

Cette hausse reflète non seulement l’ampleur de cette crise humanitaire, mais aussi les conditions adverses auxquelles les migrants font face durant leur trajet. Le « poulailler », tel que le décrivent ceux qui l’ont traversé, n’est pas seulement un lieu physique, mais aussi le miroir d’un système qui transforme la vulnérabilité humaine en marchandise.  

Cette logique n’est pas nouvelle. 

On pourrait la comparer aux bateyes en République dominicaine, où pendant des décennies se sont concentrées des communautés haïtiennes travaillant dans des conditions d’exploitation extrême, piégées dans des systèmes qui leur dénient les droits fondamentaux. 

Au Mexique, la migration haïtienne a connu une augmentation notable ces dernières années. En 2023, Haïti est devenu le principal pays d’origine des demandes d’asile auprès de la Commission mexicaine d’aide aux réfugiés (Comar), avec un total de 44 239 requêtes. 

Alors que les bateyes sont nés de la nécessité de main-d’œuvre bon marché pour l’industrie sucrière, le « poulailler » fonctionne comme un point de transit et de contrôle sur les routes migratoires. 

Dans les deux cas, ces espaces ne représentent pas seulement une exploitation économique, mais aussi une déshumanisation : les corps ne sont pas perçus comme des personnes, mais comme des ressources temporaires à utiliser et à jeter.  

La migration forcée ne surgit pas de nulle part ; elle est la conséquence de siècles de violence structurelle et d’exploitation. 

Comme nous l’avons exposé dans le premier fragment de cette série, les racines de cette crise résident dans la violence économique, la dépossession et les inégalités historiques qu’Eduardo Galeano a mises à nu dans Les veines ouvertes de l’Amérique latine

Aujourd’hui, ces mêmes veines continuent de saigner, et leurs blessures poussent des milliers de personnes à abandonner leurs foyers, non par choix, mais comme dernier recours pour survivre.  

La migration forcée ne surgit pas de nulle part ; elle est la conséquence de siècles de violence structurelle et d’exploitation. 

Dans le deuxième fragment, nous avons abordé comment les ressources illicites, telles que les drogues et les minerais, enrichissent une minorité tout en vidant les communautés de leurs richesses. La migration forcée fait partie de ce même système. En chemin, les migrants deviennent des marchandises, traités comme des produits de contrebande dans un système qui ne fait aucune distinction entre un chargement d’or illégal et une vie humaine. Le « poulailler » est un microcosme de cette exploitation : un endroit où les individus sont réduits à des numéros, enfermés comme des animaux, et libérés seulement après avoir payé un prix.  

À travers les mots de Carmen, nous voyons un système de politiques migratoires restrictives qui criminalisent ceux qui n’ont pas de documents, les poussant vers des routes dangereuses. Ces routes sont contrôlées par des réseaux criminels qui profitent de leur désespoir. Le Mexique à rendu illégal l’utilisation des transports publics par les migrants, les forçant à marcher de longues distances, les exposant davantage aux enlèvements et aux abus.  

Le « poulailler » n’est pas un lieu isolé. 

C’est un maillon d’une chaîne continentale de violence qui relie les pays d’origine, de transit et de destination. C’est le reflet de politiques qui, au lieu de protéger les plus vulnérables, alimentent la machine du trafic humain.  

L’histoire de Carmen n’est pas unique, mais sa voix nous oblige à regarder en face cette crise continentale. Dans les trois fragments de cette série, nous avons décortiqué un système qui perpétue l’exploitation : de la violence historique décrite par Galeano, au pillage des ressources et à la complicité des élites, jusqu’au dernier maillon où la vie humaine devient une marchandise en transit.  

La résistance collective comme réponse

Des initiatives telles que les Écoles de Résistance en Amérique centrale ou les plateformes de défense des droits des femmes en Amérique du Sud montrent que le changement est possible, même dans les contextes les plus adverses. Femmes et jeunes s’unissent pour dénoncer les abus, défendre leurs droits et construire des alternatives afin de résister aux projets de méga-mines, au trafic de drogue et à la traite des personnes.

Dans les territoires, il existe des personnes et des groupes qui soutiennent inlassablement les droits des personnes en situation de migration. Un exemple emblématique est celui des Patronas, ces femmes qui, depuis des années, se mobilisent collectivement pour préparer des repas destinés aux migrants voyageant à bord de La Bestia, ce train chargé de rêves et de défis à travers le Mexique. 

De même, le prêtre Alejandro Solalinde consacre sa vie à la création de refuges, à l’assistance juridique et à la défense des droits des personnes migrantes. 

Face aux nouvelles formes de violence, la résistance collective émerge comme une réponse puissante et porteuse d’espoir. 

Par Claudia Alavez

Sociologue mexicaine

Image de couverture :Un collage représentant le portrait d’Eduardo Galeano accompagné de son livre Les Veines ouvertes de l’Amérique latine.  Collage | ©AyiboPost

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