Classé 172ᵉ sur 180 selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International, Haïti offre un terreau fertile pour le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
La réglementation haïtienne, insuffisante en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, expose les entreprises à des risques majeurs.
Classé 172ᵉ sur 180 selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International, Haïti offre un terreau fertile pour le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Cette vulnérabilité est exacerbée par une corruption omniprésente, profondément enracinée dans les institutions gouvernementales, rendant le système financier fragile.
Le Groupe d’action financière (GAFI), qui lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme à travers le monde, a déjà signalé Haïti pour de graves lacunes dans sa réglementation anti-blanchiment d’argent.
Dans un tel environnement, parvenir à la prospérité des entreprises devient encore plus complexe.
Les institutions financières, en particulier, sont des cibles privilégiées pour ceux qui cherchent à blanchir des fonds obtenus illégalement et à les acheminer vers d’autres pays.
Cette situation soulève la question suivante : les entreprises en Haïti, peuvent-elles encore se protéger de manière efficace contre les risques de blanchiment d’argent posés par les entités sanctionnées, les personnes politiquement exposées (PPE) et les stratagèmes frauduleux ?
Pourquoi Haïti est plus sujet aux crimes de blanchiment d’argent ?
Haïti s’est régulièrement classé parmi les pays les plus corrompus au monde.
Combattre d’autres délits financiers avec un indice de corruption aussi élevé semble impossible.
Cette difficulté est aggravée par la faiblesse de la réglementation haïtienne en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (LBC/FT), laissant le système encore plus vulnérable face aux pratiques illicites.
Il est ainsi plus facile pour les criminels d’utiliser les flux financiers illicites pour dissimuler l’origine de leurs activités clandestines.
De plus, la corruption facilite le blanchiment d’argent en raison des faiblesses du système et de l’absence ou de l’insuffisance de contrôle.
Cette difficulté est aggravée par la faiblesse de la réglementation haïtienne en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (LBC/FT)
Les agents publics peuvent fermer les yeux sur des transactions suspectes, ce qui peut être profitable aux réseaux criminels.
Plusieurs raisons expliquent la faiblesse des réglementations LBC/FT en Haïti.
Nous pouvons citer le niveau de corruption élevé – qui affaiblit l’application des lois et la supervision. La faiblesse du cadre juridique et réglementaire, la supervision inadéquate des institutions financières, la coopération internationale limitée, la situation géographique du pays et l’instabilité politique qui entraîne les troubles entravant l’efficacité de la gouvernance et de la réglementation.
Cependant, malgré tout, des stratégies concrètes existent pour les entreprises en Haïti qui souhaitent atténuer les risques liés au blanchiment d’argent.
Car, bien qu’Haïti apporte certaines améliorations à sa réglementation en la matière, les entreprises doivent continuer à adopter des mesures proactives pour se protéger. Comme celles qui suivent.
Élaborer et mettre en œuvre un programme complet de conformité LBC/FT
Les institutions financières, dont les programmes de conformité LBC/FT sont faibles, sont plus susceptibles d’être exploitées par les individus qui veulent blanchir de l’argent.
Par conséquent, avec l’inclusion de ce programme dans leurs opérations commerciales, les entreprises peuvent renforcer leur défense contre les délits financiers.
Pour ce faire, une évaluation des risques paraît nécessaire.
Cependant, cette évaluation des risques uniquement au moment de l’intégration du programme ne peut jamais être fructueuse pour les affaires.
Les entreprises doivent donc évaluer régulièrement les risques liés aux clients, aux transactions et aux pays d’opération.
Cela permet d’identifier les clients à haut risque ou les domaines dans lesquels des contrôles plus stricts sont nécessaires.
De plus, la Diligence raisonnable à l’égard de la clientèle (CDD) doit être aussi mise en branle.
Le CDD est un processus essentiel pour évaluer et identifier les risques associés aux clients, en particulier dans les secteurs sensibles, comme la finance.
Au-delà de leur statut et de leur influence, il est crucial de mettre en œuvre des mesures de diligence raisonnable renforcées (EDD) pour tous les clients présentant un risque accru.
Cela inclut les personnes politiquement exposées (PPE), les individus provenant de juridictions à haut risque, ou encore les clients dont les antécédents financiers sont falsifiés ou ambigus.
Dans le secteur bancaire, ces procédures (CDD et EDD) permettent aux établissements financiers d’identifier leurs clients, d’évaluer les risques associés à chaque relation et de détecter les opérations suspectes, notamment celles liées à la corruption.
Surveiller et signaler les transactions suspectes
Les entreprises doivent également mettre au point des systèmes permettant de surveiller les transactions en temps réel et de signaler immédiatement les transactions suspectes avant même qu’elles ne soient effectuées.
Elles doivent ensuite informer les autorités compétentes, telles que la cellule de renseignement financier (CRF) d’Haïti. Les rapports d’activités suspectes (RAS) doivent être déposés sans tarder afin de se conformer aux obligations réglementaires.
Les principaux signaux d’alarme auxquels les entreprises doivent être vigilantes comprennent, d’abord, les transactions qui ne correspondent pas aux activités commerciales connues du client. Ensuite, toutes transactions transfrontalières inhabituelles ou transferts vers des juridictions à haut risque.
Enfin, toutes transactions importantes, portant sur des chiffres ronds, qui peuvent indiquer une structuration ou une superposition.
Former les employés aux meilleures pratiques LBC/FT
Il s’agit d’un domaine que les entreprises évitent souvent en estimant que la formation n’est pas aussi importante que les réglementations elles-mêmes.
Cependant, pour rester au fait des derniers défis en matière de blanchiment d’argent et des réglementations LBC/FT, les entreprises doivent former leurs employés et les tenir au courant des derniers défis et réglementations.
Cela facilite l’identification des activités suspectes, le signalement des transactions suspectes et la maîtrise des dernières réglementations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et des exigences en matière de conformité.
La formation des employés permet non seulement d’éviter les erreurs, mais favorise également une culture de conformité au sein de l’organisation.
Renforcer les contrôles internes
Les entreprises doivent mettre en œuvre des contrôles internes rigoureux pour empêcher le blanchiment d’argent au sein de l’organisation.
Cela comprend, d’abord, une scission des tâches entre les employés chargés du traitement des transactions et ceux qui veillent au respect de la réglementation.
Ensuite, la réalisation d’audits et d’examens réguliers des procédures internes afin de s’assurer qu’elles sont conformes aux normes réglementaires.
Enfin, l’utilisation de la technologie pour détecter les anomalies dans les transactions financières et pour automatiser les processus de contrôle de la lutte contre le blanchiment d’argent.
Tirer parti de la technologie pour la conformité
Les progrès technologiques offrent aux entreprises haïtiennes la possibilité de rationaliser leurs efforts de lutte contre le blanchiment d’argent, notamment avec l’apparition de technologies spécifiques dédiées à cet effet.
Grâce à ces dernières, les entreprises peuvent automatiser les évaluations des risques, effectuer une surveillance des transactions en temps réel et générer des rapports pour les organismes de réglementation en temps réel.
Ainsi, pour les entreprises présentant un risque LBC/FT plus élevé d’être impliquées dans des crimes de blanchiment d’argent en Haïti, il convient de prendre des mesures proactives, mais ne pas se limiter aux outils technologiques.
Quant à celles du secteur bancaire en particulier, elles ne peuvent pas s’en remettre uniquement aux Renseignements de Sources Ouvertes ( OSINT ), lesquelles incluent les informations publiques disponibles. Comme des bases de données, des médias, etc.
Les banques doivent donc combiner cette approche avec d’autres mesures, comme la vérification approfondie des clients, la surveillance continue des transactions et une coopération avec les autorités réglementaires. Ce, pour parvenir à renforcer leur système de conformité.
Par Ayesha Mughal
Image de couverture : Collage | ©AyiboPost
► AyiboPost s’engage à diffuser des informations précises. Si vous repérez une faute ou une erreur quelconque, merci de nous en informer à l’adresse suivante : hey@ayibopost.com
Gardez contact avec AyiboPost via :
► Notre canal Telegram : cliquez ici
► Notre Channel WhatsApp : cliquez ici
► Notre Communauté WhatsApp : cliquez ici
Comments