Je vais vous faire un aveu. Je pourrais vous en faire plusieurs mais cet article ne parle pas de moi. Alors voilà: j’aime mon pays de tout mon cœur. L’odeur des embruns au bicentenaire, la luminosité des plages, l’accent chantant des habitants de mon
Je viens d’une famille où l’on a toujours discuté de l’ «État du pays » et du plus loin que je me souvienne, j’étais la petite parmi les granmoun. Dans le cocon que constituaient mes parents,
Il y a deux mois, j’ai été envoyée, pour le travail, à Abidjan en Côte d’Ivoire. J’étais folle de joie à l’idée de découvrir une nouvelle culture, un nouveau continent, de nouveaux clients mais aussi je veux bien l’admettre, j’étais contente de partir, d’aller respirer un peu. Ailleurs. Loin. Ni l’inconnu, ni l’inquiétude croissante autour de l’Ebola ne m’arrêteraient. J’étais sur le départ.
Beaucoup de mes compatriotes « troussent leur nez » quand on leur parle d’Afrique. Ceci fera l’objet d’un autre débat si vous voulez bien me lire à nouveau. Je me contenterai ici de dire que j’ai été très bien accueillie, comme une cousine qui vient de loin qu’on aime naturellement, même si on ne la connaît pas.
À titre de rappel historique, en 2010, la Côte d’Ivoire a traversé ce que les ivoiriens appellent pudiquement « La Crise ». En gros, une guerre civile suite aux élections présidentielles. Pour plus d’infos, c’est par ici. Quatre ans plus tard, les cadres de l’administration publique, les entrepreneurs et les simples citoyens (ça inclut mes chauffeurs de taxi) que j’ai eu l’occasion de rencontrer n’ont qu’un mot à la bouche : l’émergence. Vous me direz, c’est un concept à la mode. Tous les pays moins avancés se rêvent émergents à moyen terme. Ceci dit, là-bas, ils prennent ça très au sérieux et
Je pense que les expressions à la mode dans une communauté sont dans une certaine mesure le reflet de ses valeurs. Les Abidjanais que j’ai rencontrés s’arrangent pour qu’on ne « gâte pas [leur] nom ». Ils ne font pas n’importe quoi qui pourrait ternir leur réputation, ils ne laissent pas dire du mal de leurs amis et ils ne disent pas du mal de leur pays.
J’en suis venue à m’interroger sur l’autodénigrement que nous haïtiens pratiquons si allégrement et ses conséquences. Et si ces paroles négatives étaient l’une des raisons de notre immobilisme ? Et si nos critiques, nos plaintes continues (intempestives ?) constituaient le premier obstacle à notre progrès ? Et si nous cessions de cultiver en nous et autour de nous l’idée qu’Haïti « c’est comme ça », que « ça ne changera jamais » et que « les haïtiens » sont de telle ou telle manière ? Les haïtiens, c’est nous. Quel que soit le passeport que vous détenez, en attendant que votre ambassade vous évacue, nous sommes sur le même bateau. Un bateau que notre négativité contribue à couler chaque jour un peu plus. Nous pouvons faire le choix de ne plus alimenter le statu quo par nos paroles et nos pensées.
À toi qui me lis, je lance un défi, le même défi que je me suis lancé: Arrête de ternir le nom de ton pays! Faisons ensemble ce premier pas. À la place, nourris pour ton pays des rêves de progrès, aies des pensées transformatrices et
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