Le 7 mai 2018 dernier a marqué les 176 ans depuis qu’un séisme a détruit la ville du Cap-Haïtien. En cette occasion, une journée d’étude sur les risques sismiques a eu lieu à la faculté de Droit du Cap. Un travail de mémoire et de sensibilisation.
Où en sommes-nous avec les risques sismiques ? C’est la question qui a animé les discussions à l’auditorium de la faculté de Droit du Cap-Haitien le 7 mai dernier.
A la même date, en 1842, un terrible séisme détruisait la ville du Cap, emportant la vie de presque la moitié de sa population. La secousse fut si terrible qu’elle a été ressentie jusqu’à Port-au-Prince, où elle causa aussi des dégâts.
Pour marquer les 176 ans du sinistre, l’Observatoire transdisciplinaire pour l’aménagement et le développement des territoires (OTRADT) et ses partenaires ont réuni des experts de différents profils autour du sujet.
L’objectif de cette journée fut d’inciter les autorités publiques à jeter un regard rétrospectif sur la gestion et l’organisation de la commune du Cap-Haïtien. En effet, depuis quelques années, les spécialistes prédisent un séisme majeur sur la ville avec un risque de tsunami.
Les experts alertent
Le professeur Lewis Ampidu Clorméus a tenté de répondre à la question : qu’avons-nous appris du tremblement de terre du 7 mai de 1842 ? Il a fait l’historicité de la catastrophe et présenté plusieurs correspondances de l’époque sur la gestion de la catastrophe.
De son côté, le professeur Jean Rodney Jean-Louis a mis l’accent sur la mémoire collective et la prévention des risques naturels. Il a indiqué que la mémoire collective constitue un élément déterminant dans la prévention des risques naturels et la gestion des catastrophes. « Il faut d’une part sensibiliser les populations locales en utilisant les radios communautaires, les églises, les écoles et les organisations locales ; et d’autre part, responsabiliser les personnes publiques concernées afin de réduire la vulnérabilité de la ville du Cap face au risque sismique » a-t-il souligné.
Le professeur Jean Mozart Féron dans sa présentation a fait ressortir l’importance de protéger les valeurs patrimoniales dans le Nord. Le département regorgeant de patrimoines matériels et immatériels qui pourraient constituer des leviers importants pour son développement. Il a rappelé les nombreux dégâts survenus en 1842 sur les patrimoines bâtis et la disparition d’objets et de documents importants souvent retrouvés à l’étranger. Il croit que les autorités étatiques devraient prendre des mesures adéquates pour protéger les lieux de mémoire existants.
Pour sa part, le professeur Claudel Noël a mis l’emphase sur la vulnérabilité de la ville du Cap-Haïtien. Il a évoqué la fragilité de l’environnement physique et de l’économie locale, le faible revenu des ménages et les constructions anarchiques. Il propose l’utilisation d’un plan d’urbanisme local pour la livraison des permis de construction. Il faut, selon lui, former des professionnels en gestion des risques et désastres et construire des espaces libres pour accueillir la population en cas de catastrophe.
Mieux adresser les vulnérabilités
Cette activité a servi de prétexte pour susciter un dialogue entre universitaires, spécialistes du patrimoine culturel et cadres de la fonction publique interpellés par la prévention et la gestion des catastrophes dans le nord d’Haïti. Ce genre d’initiative doit se transformer en des actions structurées et concertées par l’État et la société civile de manière à réduire les pertes tant en vie humaines qu’en biens matériels et immatériels lors des catastrophes sur le territoire haïtien.
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Johanne Elima Chachoute
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