ÉCONOMIEEN UNE

Un rêve en chocolat!

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Se lancer en affaires en Haïti n’est pas chose aisée pourtant Corinne Joachim Sanon Symietz et ses deux associés Andreas Symietz et Gentile Sénat se sont jetés à l’eau et ont atteint leur objectif d’offrir sur les marchés national et international, des tablettes de chocolat de qualité, exclusivement fait à partir du cacao haïtien classé d’ailleurs parmi les meilleurs du monde.

Un projet d’envergure mené avec brio par ses promoteurs qui, malgré les différents obstacles qui se sont dressés sur leur chemin ont réussi à passer de l’idée de projet à la mise en place de leur compagnie « les chocolateries Askanya » et de leur atelier de production localisée à Ouanaminthe, dans un délai approximatif de sept mois.

Ces derniers reconnaissent avoir obtenu le support de certaines institutions étatiques notamment le Centre de Facilitation des Investissements qui leur a fourni une assistance  d’une part, dans la mise en œuvre de suivis administratifs et d’autre part, dans la promotion du produit à l’échelle internationale.

Toutefois, les promoteurs déplorent le climat des affaires peu favorable et peu incitatif au développement d’initiatives économiques. A titre illustratif, le coût élevé d’enregistrement d’une société anonyme soit plus de 2500 USD, constitue une première barrière pour de jeunes entrepreneurs. De plus, la lourdeur administrative engendre certains retards dans la délivrance de documents essentiels par les autorités étatiques qui auraient pu tuer le projet dans l’œuf : soit environ 5 mois pour l’enregistrement complet de la société anonyme, puis 7 mois pour l’obtention de la patente, impliquant l’impossibilité d’ouvrir un compte bancaire et d’obtenir un prêt bancaire, car ces procédures sont subordonnées à la présentation de ladite patente.

Et ce n’est pas tout. Il a fallu que Corinne et ses partenaires gèrent par eux-mêmes les déficiences liées aux infrastructures de base en Haïti et qui rendent notre pays par conséquent peu compétitif au niveau régional.  Vu qu’ils ne peuvent pas compter sur la fourniture de l’électricité par l’EDH, ils ont dû contourner le problème en investissant dans des génératrices, un inverter et ils prévoient déjà la mise en place de panneaux solaires aux fins de permettre à certains de leurs équipements de fonctionner comme il se doit 24/24. (par exemple les frigos à chocolats et les « deshumidificateurs ».

Les difficultés liées au manque d’infrastructure du pays constituent un poids immense sur les startups du type d’Askanya. Selon Corinne ces genres de problèmes représentent un grand obstacle:  « C’est la sensation de ne dépendre que de soi : si un équipement tombe en panne, il n’existe pas de service à la clientele adéquat pour les réparations nécessaires; si un employé tombe malade, il vaut mieux payer une institution médicale privée et même se rendre au Cap-Haïtien pour les soins plutôt que d’attendre que l’OFATMA offre le service approprié. Si l’EDH ou la DINEPA ne dessert pas la région oú lon sinstalle, il faut se démener pour trouver l’électricité ou leau par ses propres moyens. Si le bus qui transporte les produits entre notre usine et Port-au-Prince est attaqué, il faut accepter de perdre la marchandise, vu que les assurances ne prennent pas en compte ces cas et les autorités concernées sont incapables de garantir la sécurité et de prendre les sanctions requises. Nous avons toujours un plan B, C, D et jusqu’à Z pour résoudre les problèmes. »

Aujourd’hui, les chocolateries Askanya produisent mensuellement environ 2000 tablettes de chocolat de la fève à la tablette. L’entreprise prévoit de passer à 5000 tablettes par mois en octobre 2016, une fois leur système énergétique renforcée.

Les succulents chocolats sont disponibles dans différents supermarchés en Haïti et également aux Etats-Unis notamment dans les villes suivantes   New York City, Washington DC, New Orléans, Brooklyn, Seattle, Arlington et Los Angeles, car environ 30% de la production actuelle est exportée.

« Haiti is open for Business » ne serait –il encore qu’un vœu pieux ? Je dirais plutôt qu’il s’agit d’un leitmotiv pour ceux qui ont la foi et de grands rêves. Il faut une volonté et un moral d’acier pour continuer dans de telles conditions et faire atterrir un projet de production nationale de haute qualité contribuant à la création d’emplois et au rehaussement de la marque « made in Haïti ».

S’il faut attendre que toutes les conditions soient réunies pour créer, innover et produire en Haïti, il est certain que nous ne sortirons pas de l’auberge. Aussi, j’en profite pour saluer ces jeunes entrepreneurs déterminés et motivés qui représentent une véritable source d’inspiration et je leur souhaite du succès dans le déploiement futur de leur entreprise.

 

Très attachée à mon cher pays, je demeure une personnalité ouverte, qui à travers sa profession de juriste et son implication au sein de diverses organisations soutient le projet du renouveau d’Haïti.

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