FREE WRITING

Une affaire entre blogueurs

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Elle écrit, moi aussi….

Quand je publie, elle le lit. Tout ce qu’elle publie, moi, je l’étudie. Sa plume donne vie. Ses textes respirent.

Quand je la lis, j’ai l’impression d’entendre son cœur qui bat. Elle écrit sur tout. Elle écrit de tout: des commentaires, des critiques, des récits. Ses approches, ses récits m’interpellent. C’est curieux mais quand elle cite ses personnages, j’entends sa voix qui m’appelle.

Des fois je la relis, peut être que je deviens accro.  A ce stade, c’en est trop, je veux  entendre moi-même ses mots. A force de m’abreuver de sa plume, j’ai voulu remonter à la source. Je désire m’approcher d’elle. J’ai envie de me placer quelque part entre elle et sa feuille. Quand son inspiration sortira, je me tiendrai au seuil. C’est décidé, je vais la chercher.

Je l’ai trouvée. Elle est là sur facebook.

Nous avons plein d’amis en commun. D’une vivacité sournoise, je clique pour envoyer l’invitation. J’explorais ses photos quand je reçus la notification. Ca y est ! Elle a accepté mon invitation. Je fais une blague sur mon mur et je mentionne son nom. Elle clique J’aime et laisse un commentaire. Je souris, le poisson a mordu à l’hameçon. Je me mets à jouer au comique, espérant que bientôt, je pourrai l’entendre rire. Alors ça passe des publications sur son mur pour aboutir aux mentions régulières, et puisqu’elle semble jouer le jeu, je lui envoie un message privé. Elle répond, c’est le début d’une odyssée. Elle est bavarde, je suis curieux. J’aime m’expliquer, elle me comprend. Ca continue le lendemain, le surlendemain et le jour suivant.

Elle travaille en terre étrangère. Moi, j’ai un contrat au pays. Nous sommes tous les deux occupés, mais nos clavardages durent longtemps. On discute de littérature et d’auteurs, d’écriture et de la vie de blogueurs. On se lance des compliments pour nos publications respectives. Des fois, on parle de tout, parfois de rien. Ce qui a démarré comme une blague est devenu un flirt littéraire. Quand le 4ème art se fait l’arme d’une séduction massive… De facebook, nous avons migré vers whatsapp, bravant peu a peu les frontières de la technologie. J’ai un orgasme auditif, la première fois que j’entends sa voix. Elle m’a envoyé un message vocal. C’était un délice oral.

Se parler, clavarder, c’est devenu notre culte régulier. La journée ne commence pas tant qu’on ne s’est pas parlé. Elle dit que j’ai l’art de la conversation mais c’est sa compagnie qui me remplit d’inspiration. Des fois, je ne parle pas, je ne fais que l’écouter. Il arrive qu’ elle oublie même que je suis sur la ligne et se met à parler à elle-même, changeant brusquement de sujets, hâblant n’importe quoi, des trucs de filles, des trucs de fous. Parfois, elle se plaint d’une mésaventure, d’une déception. Je partage sa peine et j’essaie de la consoler, je me réjouis en silence d’être un confident privilégié.

Sans insistance, elle m’a ouvert sa boite à secrets. Pas entièrement, mais je profite bien du peu qu’elle laisse sortir. Elle aime m’entendre parce que je la fais rire, sans se douter que si je parle, c’est rien que pour l’entendre rire.  Quand on se dit au revoir, j’ai envie de la sentir près de moi. Elle me fait tourner la tête et me rend complètement givré. Des fois, je nous imagine en train d’écrire et de nous lire en même temps. Elle serait ma muse et se désaltérerait de mon encre… Et là, je commence à en avoir assez. Ce rideau de technologie, je veux nous en débarrasser. J’interromps notre conversation pour lui dire que je veux la rencontrer. Sur un ton capricieux, elle réponds que si je suis gentil, ca va arriver parce que dans deux semaines, elle compte rentrer. Je fais semblant d’accepter mais elle pressent mon impatience: « Oh saw gen la! Il n’y a pas le feu Monsieur. »

Konnen li pa konnen! J’ai  pourtant besoin de pompiers…

J’ai envie de bousculer l’horloge, d’écourter ces deux semaines en une soirée. On continue à se parler régulièrement. Je me retiens juste assez pour ne pas lui demander d’avancer son vol. Je m’endors chaque soir pensant à notre rencontre. Ca a été long, mais le jour j est arrivé. J’aurais voulu l’attendre à l’aéroport, mais je me trouve moi-même un peu trop surexcité. J’ai donc attendu et elle a appelé. Dans l’intervalle, j’avais enquêté sur ses goûts et je la connaissais déjà un peu. Alors mon invitation, elle n’aurait pu la refuser.

Je suis arrivé, trente minutes, avant l’heure. J’étais assis dans ce restaurant chic mais peu fréquenté. Je l’ai choisi à dessein. Je grignotais des noix, quand soudainement, quand à l’entrée je vis une apparition… Messieurs, vous auriez dû voir cela. Un maquillage léger, des cheveux naturels. Elle a l’air pur, elle a l’air vrai. Des lunettes lui conférant une certaine candeur. Rien n’est plus voluptueux que le délice servi sous mes yeux. Taille imposante, un regard qui désarme, des lèvres juteuses entr’ouvertes laissant apparaitre deux rangées de perles, un sourire qui bénit, une poitrine intéressante…

J’oublie comment  parler.

On dirait un sac de cadeau esthétiquement rempli.  Dieu est un artiste. Oui, l’homme il l’a d’abord créé. Puis, il a eu une meilleure idée: celle que je vois là. Elle a l’air d’une source de vie. J’ai envie de m’y désaltérer.

Dans un élan de galanterie, je me lève pour balbutier un bonsoir. Je m’approche pour la saluer d’un baiser avant de l’inviter à s’asseoir.

La douceur de son parfum m’impose à nouveau le mutisme. Je la regarde sourire et je ne sais pas quoi dire. Des images et des scènes  défilent dans ma tête… Je mentalise même une scène osée de l’un de ses textes. Pourvu que ca ne se voit pas dans mes yeux.

Comme a dit l’autre, peut être que  ce soir il va y avoir des étincelles…

Je suis Steeve Bazile, entrepreneur, journaliste, mais avant tout amateur de littérature. J’ai trouvé en cette dernière, un trésor surpassant toute forme d’intelligence : le bon sens. Le mien étant régulièrement aiguisé, je m’arroge donc de dire, de débattre, d’opiner, de contester, de questionner tout ce que je crois comprendre. Un érudit, dites-vous! Mais non, je ne suis qu’un profane… Le profane avisé!

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