Une question essentielle échappe à l’auteur au cours de la production de ce travail de recherche monumental
Après avoir réfléchi et travaillé sur la problématique de la liberté et de la servitude volontaire chez Étienne de la Boétie dans ses travaux académiques antérieurs, le philosophe haïtien Jean W. Gustinvil a porté ses regards sur la révolution haïtienne de 1804, évènement qui a surpris et étonné le monde occidental et qui constitue la principale préoccupation d’un ensemble de chercheurs haïtiens et étrangers dès le XIXème siècle.
D’une part, ces chercheurs ont voulu comprendre et expliquer le sens et la portée de cet acte posé par un ensemble d’individus que les Européens ne considéraient jamais comme des êtres humains dignes de respect, mais plutôt comme de simples moyens pour atteindre des fins. Ils se sont interrogés sur la manière dont ces personnes autrefois considérées comme des objets ont pu défier le dispositif raciste et esclavagiste en place, et par conséquent démontrer la possibilité d’un monde sans esclaves.
D’autre part, les chercheurs se préoccupent d’une question centrale qui alimente ici la lecture que nous faisons de cet ouvrage : «Comment un pays qui a fait la révolution servile pour s’émanciper du système esclavagiste a pu retomber dans des pratiques de servitude rappelant la période coloniale esclavagiste ?».
Ils se sont interrogés sur la manière dont ces personnes autrefois considérées comme des objets ont pu défier le dispositif raciste et esclavagiste en place, et par conséquent démontrer la possibilité d’un monde sans esclaves.
Nous sommes en présence de deux difficultés fondamentales, imbriquées l’une dans l’autre. La seconde est intimement liée à la première. Et c’est parce que l’État qui a émergé en 1804 serait institué depuis un divorce d’avec la nation haïtienne et qu’il aurait reproduit systématiquement les pratiques coloniales dans la gestion du pays, que certains auteurs en concluent que la révolution haïtienne du début du XIXème siècle n’a pas véritablement eu lieu. Cette dernière n’aurait pas réussi dans la mesure où nous n’arrivons pas à défaire, à mettre hors circuit dans nos pratiques de pouvoir la séparation qui a été instaurée par les colons entre être et non-être, sujet et objet du temps de la colonisation. Il n’y aurait pas en réalité de changement substantiel dans le dispositif colonial esclavagiste après la proclamation de l’indépendance du pays.
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Conséquemment, cette thèse qui traverse les sciences sociales haïtiennes en vient à présupposer une lecture continuiste de l’histoire d’Haïti. Elle n’aurait pas pris en compte le geste créatif des anciens esclaves ni le changement opéré dans la grammaire des Occidentaux. En effet, «La révolution haïtienne et l’énigme du retour» du philosophe J. W. Gustinvil dialogue avec et contre ce point de vue. Cet essai de 425 pages, divisé en trois parties et en plusieurs chapitres, constitue, à mon sens, un véritable espace de discussion autour de cette position concernant la révolution haïtienne.
L’ouvrage s’inscrit dans une perspective de dépassement, reprenant ainsi une intuition de Hegel. Il propose une autre lecture de l’expérience nègre, cherchant à innover par rapport à la thèse habituellement exposée précédemment. Il nous donne à voir une conception originale de la révolution servile haïtienne comme un décentrement de la Révolution française de 1789.
Visionnez cette émission « Chita Pale » avec le docteur en philosophie Jean Waddimir Gustinvil émettant ses idées sur la situation actuelle du pays:
Dans son ouvrage, Gustinvil reprend en quelque sorte l’interrogation du sociologue Jean Casimir qui se demande : «Où est la révolution haïtienne ?», afin de la combattre par la suite. Il l’explicite avec tellement de rigueur et d’intérêt qu’un lecteur non attentif pourrait avoir l’impression qu’il en a fait sienne. C’est la nuance apportée en suivant le geste philosophique et en utilisant un ensemble de concepts proposés par Jacques Derrida et d’autres penseurs qui fait la beauté et la pertinence de la thèse soutenue.
L’ouvrage […] donne à voir une conception originale de la révolution servile haïtienne comme un décentrement de la Révolution française de 1789.
Dès l’introduction de l’ouvrage, l’auteur avance ceci : «Nous aimerions, premièrement, interroger à travers cette étude la complicité qui peut exister entre le «colon» et «l’ancien esclave» dans cette forme de fascination du second pour le premier, à travers le paradoxe colonial dénommé par Ashis Nandy l’«ennemi intime». L’«ennemi intime» correspond à ce que certains appellent «l’héritage colonial»(Placide David).
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Le premier objectif de l’auteur est clair. Il concède quelque chose explicitement. Son travail sous-tend effectivement la présence d’un malaise, d’un reste de ce qui s’était passé pendant le déploiement de la colonisation européenne dans toute l’histoire de cette ancienne colonie espagnole et française. L’expérience que nous avons faite au cours de notre histoire aurait imprimé quelque chose en nous qui nous empêche de mettre en place une véritable société politique au sens d’un espace de liberté, d’égalité et de participation citoyenne.
Gustinvil affirme que « l’État postrévolutionnaire a hérité d’une double violence : une violence destructrice et une violence émancipatrice. La première découle de la machine coloniale esclavagiste qui transformait les captifs en des « esclavagisés ». La seconde est celle dont les esclaves ont fait usage au cours de la lutte pour leur émancipation.» Pendant environ quatre siècles, les colons avaient considéré les anciens esclaves comme des choses.
L’expérience que nous avons faite au cours de notre histoire aurait imprimé quelque chose en nous qui nous empêche de mettre en place une véritable société politique au sens d’un espace de liberté, d’égalité et de participation citoyenne.
Et nous savons pertinemment que dans la tradition juridico-philosophique occidentale une chose ne peut y avoir de droit. Elle est un objet. Elle n’est nullement un sujet, c’est-à-dire un individu pourvu des droits, d’une volonté et capable de choisir. Les esclaves n’étaient que des outils de travail entre les mains des colonisateurs, des corps-outils, des bêtes de somme. Ou pour reprendre Dorismond «des corps mutilés et fatigués».
Nous sommes en face de la violence destructrice. Heureusement, le système colonial n’a pas pu éliminer totalement les «potentialités subversives» des esclaves. Ces derniers, ont retourné la violence subie contre le système qui a été mis en place et, sont parvenus à regagner leur liberté. Mais, malheureusement après plusieurs décennies, les Haïtiens ne parviennent pas à sortir de cet état de fait pour passer à un état de droit. La transition reste dans l’impasse. En suivant le raisonnement de Gustinvil, on peut dire que «de ce point de vue, toute violence comporte une dimension contaminatrice, c’est ce que Derrida surnomme la dimension « mystique » de la violence».
Par ailleurs, il faut souligner que le concept médical utilisé par l’auteur semble faire de la population haïtienne un peuple malade, pris au piège de la violence, affecté et condamné à faire usage de cette dernière (la violence) dans les rapports interindividuels et dans les pratiques de pouvoir. Cette dimension de violence l’empêche de mettre en place un véritable ordre symbolique, et installe la société dans un conflit perpétuel entre les différents groupes la composant. Et l’auteur d’induire que «Dans le cadre de ce conflit, les élites dirigeantes se sont accaparé le pouvoir étatique au détriment du grand nombre. L’État devient pourvoyeur de richesse. Chaque groupe va tenter de l’accaparer en vue de son intérêt et au détriment de l’intérêt commun.»
Malheureusement après plusieurs décennies, les Haïtiens ne parviennent pas à sortir de cet état de fait pour passer à un état de droit.
Cette situation rappelle la division qui a été opérée pendant le système esclavagiste. Les colons s’étaient accaparé les richesses de la colonie pour eux-mêmes et pour la métropole. Ils faisaient peu de cas des esclaves. Ils devaient s’enrichir dans n’importe quelle condition. Cela étonne les chercheurs qui s’étaient intéressés aux causes de nos malheurs, pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Edmond Paul, de voir l’État qui a émergé en 1804 a extériorisé une bonne partie de la population.
Les paysans, ceux et celles qui vivent dans les quartiers populaires, ne sont nullement considérés comme des citoyens ayant des droits pendant environ deux cents ans d’histoire. Ils sont considérés par l’instance gouvernante comme des coquilles vides. L’État est capturé et contrôlé par une minorité au détriment de la majorité. Mais, cette situation de domination et d’aliénation au cœur de la société haïtienne aujourd’hui encore nous autorise-t-elle à nier ce qui s’était passé le 1er janvier 1804 sur la place d’armes des Gonaïves après les différentes batailles menées, les sacrifices consentis par les anciens esclaves pour arriver à la proclamation de leur indépendance ?
À cette interrogation, l’auteur de «La révolution servile haïtienne et l’énigme du retour» répond par la négative, car selon lui, l’expérience de la révolution n’est pas réductible à celle de la fondation. Il y a la révolution d’un côté et l’institution de celle-ci de l’autre. Cette hypothèse de travail fait de l’auteur non seulement un derridien déclaré, mais également un foucaldien. Sa lecture de l’histoire de la révolution servile haïtienne est à la fois continuiste et discontinuiste. Et c’est ce caractère ambivalent qui fait la pertinence et l’originalité de son ouvrage.
Les colons s’étaient accaparé les richesses de la colonie pour eux-mêmes et pour la métropole. Ils faisaient peu de cas des esclaves. Ils devaient s’enrichir dans n’importe quelle condition.
En ce qui concerne la question de la révolution et notamment la révolution haïtienne, Gustinvil estime en effet qu’il y a toujours un avant et un après. C’est en ce sens qu’il signale que l’acte posé par les anciens esclaves en 1804 fait signe de quelque chose. Et ce qui s’était passé en 1804 est singulier par rapport aux révolutions américaines et françaises. Pour lui, «Là où les Révolutions américaines et françaises hésitent, la révolution haïtienne franchit le pas. Pour bien saisir les contours de cette question, il faut situer la radicalité de la révolution haïtienne par rapport aux limites de ces grandes révolutions américaines et françaises sur la question de l’esclavage.»
Ce fragment compare la révolution haïtienne aux deux autres mouvements révolutionnaires du XVIIIème siècle. La révolution haïtienne serait une réalité historiquement constituée à tel point qu’elle afficherait une radicalité bien plus prononcée que ces derniers. En effet, les anciens esclaves se sont appropriés la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Cette appropriation leur a permis de donner beaucoup plus d’extension au concept «Homme» trouvé dans la déclaration de droit des révolutionnaires français qui n’avait pas inclus les anciens esclaves dans leur dispositif. Ils ont déclaré que tous les hommes naissent libres et égaux en droit au moment même où ils réduisaient plusieurs milliers d’individus dans la servitude et dans une situation d’abêtissement la plus totale. «Les esclaves ont traduit l’idiome des droits dans leur propre idiome. Tout se passe comme s’ils étaient a priori Co-énonciateurs des dits Droits de l’Homme et du Citoyen. Ils sont devenus Co-énonciateurs par le travail de traduction et de décentrement qu’ils ont opéré.», écrit J. W. Gustinvil.
En ce qui concerne la question de la révolution et notamment la révolution haïtienne, Gustinvil estime en effet qu’il y a toujours un avant et un après. C’est en ce sens qu’il signale que l’acte posé par les anciens esclaves en 1804 fait signe de quelque chose.
Avec la révolution haïtienne, on est passé d’une conception exclusiviste à une approche inclusiviste du concept Homme :
«Le cri (de « liberté » et d’ »égalité ») scandé par les esclaves en rébellion renvoie à un concept de liberté beaucoup plus dynamique que celui des philosophes des Lumières. Les effets de cette Déclaration vont au-delà des frontières anthropologiques, en dépit de son ancrage dans un idiome et un éthos culturel déterminés.»
Nous avons essayé de mettre en évidence les deux points de vue soutenus par l’auteur de l’ouvrage en question : la persistance du fait colonial dans les pratiques de pouvoir et dans les rapports interindividuels et la radicalité de la révolution servile haïtienne qui a décentré les Révolutions américaines et françaises en apportant une nouvelle définition au concept d’homme.
Maintenant, on doit se demander nécessairement afin de montrer la cohérence et la pertinence de cet ouvrage qui vient d’être publié par les édition de l’Université d’État d’Haïti récemment : «Comment soutenir la persistance de la violence coloniale et maintenir dans le même temps la thèse de la radicalité de la révolution servile ? Autrement dit, comment aligner Haïti au rang des Antilles françaises (La Martinique et la Guadeloupe par exemple) sans nier ce qu’elle porte comme expérience singulière ? »
Avec la révolution haïtienne, on est passé d’une conception exclusiviste à une approche inclusiviste du concept Homme.
Nous sommes là en présence d’une difficulté difficilement surmontable. Elle introduit un geste dans l’histoire de la révolution et de la révolution servile haïtienne en particulier qui s’apparenterait à une sorte de dialectique, et une sorte de pessimismeui n’est nullement apparente dans «La révolution servile haïtienne et l’énigme du retour».
Quoique l’auteur combatte dans le cadre de la rédaction de ce travail toute forme de pessimisme, il y aurait, chez lui, une continuité dans la discontinuité. Son cadre théorique l’oblige à accepter que toute révolution se débouche inévitablement sur de nouvelles pratiques de servitudes. Une révolution réussirait si et seulement si elle a échoué. Autrement dit, une révolution réussie beaucoup plus dans ce qu’elle nous donne à voir que dans qu’elle réalise effectivement.
En effet, pour arriver à montrer cette difficulté que posent tous les mouvements révolutionnaires, l’auteur a eu recours à un ensemble de concepts développés dans la philosophie de Derrida : Esprit, spectres et fantômes. «Pour bien comprendre ce conflit de mémoires et d’«héritages» dans la révolution servile, nous proposons de le saisir à travers les catégories derridiennes telles que «esprit (de la révolution)» et «fantômes (de la révolution)», écrit-il.
Une révolution réussirait si et seulement si elle a échoué. Autrement dit, une révolution réussie beaucoup plus dans ce qu’elle nous donne à voir que dans qu’elle réalise effectivement.
Plus loin, l’auteur affirme en suivant toujours le geste philosophique proposé par Derrida que :
«Les « fantômes » sont des modes de présence du passé et du futur dans le présent. Les fantômes, c’est à la fois : les héritiers d’aujourd’hui, mais aussi des « héritiers » de demain et c’est également des héritiers du passé, c’est-à-dire les « morts ». Le concept de « fantôme » permet de rompre avec la conception des acteurs comme « présence à soi ». Dans une telle perspective, cela nous invite à penser les acteurs de l’après-révolution comme des acteurs-avec, c’est-à-dire des « êtres-avec », des êtres agissant-avec. Ils agissent, ils sont agis aussi dans le sens où ils subissent leur propre action d’agir.»
Toute révolution a, selon l’auteur, un esprit. Elle poursuit un objectif. Elle défend inéluctablement une cause. Elle porte toujours un projet de société. La révolution servile haïtienne cherchait à libérer les anciens esclaves du joug de l’esclavage. Elle promet la liberté et l’égalité. Cependant, dans sa fondation, son institutionnalisation, elle est prise dans un piège qu’elle hérite. Sa fondation est infestée par des fantômes qui ne sont autres que les pratiques esclavagistes et coloniales. Nous ne sommes jamais seuls. Nous sommes de toutes les façons le résultat du patrimoine culturel et génétique de ce qui nous précède. Et dans une certaine mesure, nous ne pouvons pas rejeter d’un revers de main ce qu’ils nous ont légué.
Toute révolution a, selon l’auteur, un esprit. Elle poursuit un objectif. Elle défend inéluctablement une cause. Elle porte toujours un projet de société.
Dans le fragment que nous avons mis en évidence ci-dessus, l’auteur a repris la réflexion husserlienne sur la question du temps sans le signaler pour arriver à asseoir sa thèse. Selon lui, le présent n’est jamais totalement présent. Il est constitué du passé et du futur. Husserl parle de la rétention et de la protention pour arriver à expliquer ce difficile état de fait. La période nationale ne peut pas être différente totalement de la période coloniale. Les deux temporalités sont liées. C’est en ce sens que la violence coloniale continue de travailler notre présent même après la révolution de 1804. Mais, il ne faut pas dire que cette dernière n’a rien suggéré en termes de possibilités. D’ailleurs, les luttes, les batailles qui ont été menéesar les masses, les déshérités pendant tout le XIXème haïtien ont été perpétrées dans l’esprit de l’avènement de l’évènement révolution. L’auteur poursuit en rapport à ce que nous venons de dire :
«Nous pensons que l’ambivalence postrévolutionnaire n’implique pas que rien ne s’est passé effectivement. Elle est tout simplement révélatrice de quelque chose d’assez paradoxal qui mérite d’être questionné, l’énigme du retour des formes de servitude dans l’instant après, c’est-à-dire de l’après-révolution.»
Plus loin, Gustinvil estime que «Les captifs de Saint-Domingue, s’appropriant l’idiome des Droits de l’Homme et du Citoyen, instituent la société (post) saint-dominguoise sur de nouvelles bases : une société privée d’esclaves sans arriver pour autant à sortir de la violence coloniale. De nouveaux rapports de droits ont pris naissance dans un imaginaire infesté de la colonialité du pouvoir, le pouvoir étatique s’installe à la place du colon. Il joue au colon.» Dans ce cas, le colon et les pratiques coloniales deviennent un véritable spectre. Le colon n’est plus physiquement. Mais les fantômes de l’expérience esclavagiste hantent constamment le présent des ex-colonisés qui deviennent des sujet-ambivalents. Ils recherchent la liberté tout en voulant la servitude.
La période nationale ne peut pas être différente totalement de la période coloniale. Les deux temporalités sont liées. C’est en ce sens que la violence coloniale continue de travailler notre présent même après la révolution de 1804.
En somme, nous estimons que «La révolution servile haïtienne et l’énigme du retour» de Gustinvil doit attirer l’intérêt de tout un chacun pour l’originalité de sa thèse que ce fragment nous résume : «Le sujet de la révolution semble être aux prises avec deux formes de désirs contradictoires : un « désir de se détacher » d’un système de domination (en ce qui concerne le système colonial esclavagiste), et la naissance d’un nouveau type de désir qui s’apparente à un désir d’autre forme de servitude». Autrement dit, selon ce que l’auteur propose dans ce texte, la radicalité d’une révolution n’est nullement un obstacle aux situations de retournement qu’il a appelées, dans le cadre de cette enquête, «l’énigme du retour». Ces situations de retournement ne signifient pas que rien ne s’est passé, selon lui.
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Mais au cours de la production de ce travail de recherche monumental, l’auteur n’a pas réussi à expliquer pourquoi la violence contaminatrice qui empêche les anciens esclaves d’instituer une société politique grandiose après la proclamation de l’indépendance ne les a pas empêchés de mener la révolution servile. Le problème réside-t-il dans la révolution elle-même ou dans la méthode utilisée pour chambarder le système esclavagiste ? Ou bien l’ambivalence dont nous parle l’auteur est-elle une réalité intrinsèque à toute communauté politique, en dehors même de la question de la révolution ?
Par Shelton Saintyl
Étudiant en Philosophie à l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince
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