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Lyonel Trouillot | Qui sera le prochain Mgr Dumas ?

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Un attentat a été perpétré contre la personne d’un évêque dont on connaît l’engagement citoyen. Sauf erreur de ma part, aucune prise de parole d’un membre du pouvoir de facto

Nous n’avons cessé de le dire, le pouvoir de facto n’a que deux outils pour se maintenir : la violence et la corruption.

La violence, c’était déjà la répression. L’objectif est double : freiner les mouvements de contestation et faire peur. Cette logique poussée à l’extrême, c’est vouloir installer un climat de terreur.

C’est dans ce contexte qu’un attentat a été perpétré contre la personne d’un évêque dont on connaît l’engagement citoyen, quelques jours après l’appel adressé au Premier ministre de facto par la Conférence épiscopale dont Monseigneur Pierre-André Dumas est le Vice-président. Appel qu’on peut résumer ainsi : le peuple s’est exprimé, il ne veut pas de vous. Soyez sage et partez. Appel au départ, la réponse une grenade. Sauf erreur de ma part, aucune prise de parole d’un membre du pouvoir de facto.

C’est une tradition chez lui : silence total sur les crimes et exactions dont sont victimes les haïtiens. Cela aussi participe de la volonté d’installer un climat de terreur. Signifier par le silence que ce sont des choses sans importance, banales, susceptibles de se répéter en toute impunité.

C’est une tradition chez lui : silence total sur les crimes et exactions dont sont victimes les Haïtiens. Cela participe aussi de la volonté d’installer un climat de terreur.

Qui sera le prochain ? Un autre homme d’Église ? Un leader de l’opposition ? Une voix de la société civile ?

Et celles et ceux qui n’ont pas eu le courage de dénoncer un acte de terreur au bénéfice du pouvoir de facto, que feront-ils quand ce sera leur tour ?!

L’acte est-il commandité ou pas ? Peu importe qu’il soit le fruit du cerveau malade d’un partisan ou subalterne au service du pouvoir de facto. Il entre dans cette logique de terreur qui, seule, pourrait maintenir Ariel Henry au pouvoir.

Lire aussi  : Comment la violence est-elle devenue une arme aux mains des pouvoirs politiques en Haïti ?

Et l’on peut légitimement considérer tous ceux qui appuient le pouvoir de facto comme complices de cette logique de terreur. Complices par courte vue, complices par calcul, complices par haine « naturelle » d’Haïti. Complices.

Le pouvoir de facto nous signifie qu’il aura recours à toutes les armes, à tous les procédés pour se maintenir. Il compte d’un côté sur ses alliés, de l’autre sur notre peur. Ne faisons à personne le cadeau de notre silence.

Les régimes dictatoriaux utilisent la terreur pour obtenir la « pacification ». Mais la terreur va toujours trop loin. Arrive un moment où les abus deviennent indéfendables. Ils le deviendront. Et ceux qui ont donné des mots, de l’argent à ce pouvoir ne pourront pas dire qu’ils avaient encouragé, favorisé la production de tant de mal au nom du bien.

Lire aussi : Les « Duvalier » dans l’histoire d’Haïti : crimes, exécutions et injustice

Parler en commun d’une voix forte. Exprimer le refus collectivement. Cela nous vaudra quelques grenades. Mais ce serait pire de mourir dans le silence.

Par Lyonel Trouillot

Image de couverture éditée par AyiboPost.


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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