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Lyonel Trouillot | Haïti vers un 18 novembre en mode Ariel 

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Haïti fait figure de banane mûre pour des dents ailleurs pourries. Imposer coûte que coûte des élections qui n’en seront pas. Soumettre un pays à une logique militaire sous prétexte de l’aider à construire la démocratie

Tout cela est si vain, si laid : un Haut Conseil de Transition qui pleurniche, les signataires du 11 décembre qui réclament leur part, la Lime version Amsud qui fanfaronne sans vergogne, le Kenya et quelques autres qui veulent être payés avant, les kidnappings et les assassinats qui continuent, certains qui seraient inspirés par le pouvoir de facto selon la rumeur, les pauvres de plus en plus pauvres, les partants toujours aussi nombreux, les sanctions applicables et inapplicables, le docteur Ariel Henry et consorts indifférents à tout, les impressionnants cortèges de véhicules pour promener des dignitaires installés dans l’indignité, à la veille du 18 novembre, c’est ça la vie qui va…

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Pendant qu’ailleurs, en expliquant qu’en telle circonstance on a le droit de bombarder des enfants, des écoles, des hôpitaux, l’Europe et l’Amérique du Nord épuisent l’illusion de l’humanisme universel occidental (L’universel voudrait qu’en toute circonstance un enfant reste un enfant et le principe est qu’on ne tue pas des enfants), pendant que les personnels sanitaires des Nations Unies se font massacrer sans que les Occidentaux ne crient : halte-là, Haïti fait figure de banane mûre pour des dents ailleurs pourries. Imposer coûte que coûte des élections qui n’en seront pas. Soumettre un pays à une logique militaire sous prétexte de l’aider à construire la démocratie. Refuser à ce pays le droit de fixer les termes d’une véritable transition démocratique.

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La rhétorique européenne et nord-américaine des idéaux et valeurs démocratiques ne convainc plus personne. Deux poids, deux mesures, Nicolás Maduro mal élu, Michel Martelly bien élu… et tous les autres mensonges qui crèvent les écrans du monde. Quant au gouvernement de facto du docteur Ariel Henry, il a l’honnêteté de se passer de toute rhétorique. Il ne gaspille ni son temps ni le nôtre à nous raconter des histoires.

Puissions-nous par l’intelligence politique et la volonté citoyenne faire que ce 18 novembre ne se passe pas en mode Ariel ? Dans nos activités de commémoration, ajoutons à la nécessaire dénonciation de cette continuité que le gouvernement de facto, ses acolytes du 11 décembre, La Lime prime et autres diplomates veulent nous imposer, les rencontres autour de vraies questions haïtiennes dans la perspective des transformations nécessaires pour plus de justice sociale et de bien-être collectif.

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Notre devoir de reconquête passe aussi par là. Deux tâches à accomplir en même temps : faire front contre la continuité pour obtenir une décision politique haïtienne sur l’organisation d’une vraie transition ; attaquer intellectuellement tout discours social, économique, culturel réactionnaire en leur opposant une intelligence haïtienne de l’histoire, du présent, de l’avenir. Reprendre confiance dans notre capacité de dire, de proposer. Sur ce terrain-là, la réaction ne peut gagner que si nous sommes peureux et laxistes. Multiplions les groupes et lieux de réflexion et faisons entendre les idées et propositions qui en sortent. Multiplions aussi les liens entre ces groupes et lieux.

Par Lyonel Trouillot


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Poète, romancier, critique littéraire et scénariste, Lyonel Trouillot a étudié le droit.

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