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Connaissez-vous le rôle des Presses nationales d’Haïti ?

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C’est l’une des plus vieilles institutions publiques du pays

La création des presses nationales coïncide avec celle du journal officiel du pays, Le Moniteur. Il s’agit de l’une des plus vieilles institutions publiques d’Haïti.

Leurs premières parutions datent du 15 novembre 1804. Il faudra attendre 1983, date de la réorganisation des Presses nationales d’Haïti, pour que les deux entités fusionnent, fait savoir à AyiboPost Ronald Saint-Jean, le directeur de l’institution.

Les Presses nationales d’Haïti sont une entreprise publique autonome à caractère commercial, conformément aux prescrits du décret du 4 avril 1983, paru dans le journal officiel, Le Moniteur, cinq jours plus tard.

La gestion de cette entité qui dépend, en partie, du ministère de la Culture et de la Communication (MCC) est confiée à une direction générale assistée d’une direction technique, commerciale et administrative.

L’entreprise est exclusivement chargée de l’exécution de travaux relatifs aux services publics, aux organismes autonomes et des entreprises de l’État. Autrefois, les Presses nationales d’Haïti avaient pour rôle de publier les lois, les décrets, les ordonnances, les arrêtés et circulaires, les messages des chefs d’État à la nation, les procès-verbaux des séances et les résolutions du Parlement.

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Même les résultats des élections, les accords et conventions, les décisions judiciaires et administratives, la reconnaissance des Organisations non gouvernementales (ONG), les adoptions, les octrois de nationalité, les avis de pension civile de retraite, entre autres, ont été confiés aux Presses nationales pour impression et divulgation.

Autrefois, l’entité travaillait ses éditions en français, anglais et espagnol, explique Gilbert Mervilus, un des employés ses plus anciens. Ce technicien des grandes machines d’impression du journal confie que Les Presses nationales ont déjà publié des best-sellers à moins de mille exemplaires. Il prend pour exemple, les « Lettres aux hommes clairs » de Roger Dorsinville pour expliquer ses dires.

Le Moniteur avait aussi l’habitude de réaliser certaines de ces publications en créole, poursuit-il. Il souligne par ailleurs que depuis 1986 ces pratiques n’existent plus au sein de la structure.

« L’entreprise est seulement chargée d’imprimer et de publier le journal Le Moniteur, et quelques autres travaux publics », indique Ronald Saint-Jean. Il dit que l’institution suit actuellement un processus de modernisation dans le but de retourner avec les mêmes pratiques.

Les Presses nationales d’Haïti sont une entreprise publique autonome à caractère commercial

« On compte rendre le journal accessible aux citoyens à partir de l’exercice fiscal 2022-2023, dit Saint-Jean. D’ailleurs, on souhaite mettre en ligne les services des Presses nationales d’Haïti ».

Depuis 2010, les Presses nationales sont logées dans deux espaces différents. Gilbert Mervilus explique que l’ancien local qui se situe à la rue du Centre abritant actuellement l’usine de l’institution a été fissuré durant le tremblement de terre.

« Dans le souci de protéger certains matériels et aussi en attendant la reconstruction du bâtiment, une entente a été trouvée en 2010 avec les employés pour déménager l’administration à la rue Goulard, Pétion-Ville », fait savoir Mervilus.

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Saint-Jean a été nommé à la tête de l’institution par arrêté présidentiel en 2017. La même année, plusieurs travailleurs avaient protesté face à sa gestion inefficace. Un arrêt de travail avait été observé par les 125 employés pour dénoncer la gabegie et la corruption au sein de l’entreprise.

À l’époque, plus de trente chèques étaient émis à l’ordre de gens qui ne travaillent pas dans l’institution. Ronald Saint-Jean rejette ces allégations d’un revers de main.

Les presses nationales d’Haïti génèrent des fonds à partir des ventes du journal Le Moniteur et l’impression des travaux de certaines entités d’État. Selon Ronald Saint-Jean, le revenu annuel de l’institution avoisine les 30 millions de gourdes.

Les Presses nationales d’Haïti génèrent des fonds à partir des ventes du journal Le Moniteur et l’impression des travaux de certaines entités d’État.

C’est à partir de ses fonds qu’un budget de fonctionnement annuel est élaboré. Ce budget est ensuite approuvé par le ministère du Commerce et des Industries. Un rapport trimestriel est régulièrement soumis au MCI.

Un numéro spécial du Moniteur où sont publiés les lois, les décrets et les arrêtés varie entre 1 500 et 2 000 gourdes, plus taxes. Le numéro ordinaire du Moniteur où sont publiées les marques de fabriques, les sociétés anonymes et autres avis peut s’acheter à 500 gourdes, plus taxes.

Ces documents sont d’une importance cruciale pour les abonnés publics et privés de l’institution tels que les cabinets d’avocats, les banques commerciales, les institutions financières et les ambassades. Les frais d’abonnement aux Presses nationales d’Haïti s’élèvent à 25 000 gourdes, le mois.

Les photos sont de Carvens Adelson. Elles ont été prises au local des Presses nationales, à Pétion-Ville.

Fenel Pélissier est avocat au Barreau de Petit-Goâve, professeur de langues vivantes et passionné de littérature.

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