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Au nom de la réforme, du marketing et de la bonne gestion, Amen !

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Un produit qui coûte peu, sinon rien, mais se vend extrêmement cher. Profitabilité infinie! Vie éternelle garantie! L’Église Catholique est sans nul doute l’organisation la plus influente que l’humanité ait connue. Sa figure de proue, le Pape, qui qu’il fût, est le personnage le plus connu et, peut-être, le plus aimé ou respecté de la planète. Le tout dernier, Joseph Ratzinger, a laissé une philosophie à laquelle la grande majorité peut adhérer. Un message de paix, d’amour et de prospérité. L’Église Catholique a pendant longtemps eu le monopole de ce message et était la seule entreprise du monde occidental à offrir le service de l’accession à la vie éternelle. Aujourd’hui tout cela a changé, une grande compétition s’est désormais installée sur le marché de la foi. En plus des autres alternatives au message chrétien, l’Église Catholique, même dans sa partie saine, ne semble plus maîtriser le message du Christ. Et par-dessus tout, l’image de l’Église Catholique se macule de scandales sexuels, financiers, politiques; tous dans un registre absolument pas chrétien.

Un environnement donc impropice à la survie de l’entreprise de Saint Pierre. La démission de Benoît XVI marque un tournant dans la vie de cette institution bimillénaire. La prochaine administration devra rapidement forcer une organisation jusque-là allergique à la moindre tentative de changement, à s’assouplir et s’ouvrir à la réforme. Il faudra du sang neuf et un souffle jeune. Ratzinger ne doit pas être le seul à prendre la retraite. Les changements internes fondamentaux changeront du coup la perception du Vatican aux yeux des fidèles et infidèles.

Réforme

Un problème discuté à voix basse dans les couloirs résonne beaucoup plus et pendant plus longtemps que s’il est traité  ouvertement. Il faut donc vite régler le drame de la pédophilie au sein de l’Église. Le Vatican devra élargir sa prison, car il en aura grand besoin. La justice à rendre à ces milliers d’enfants demeure l’un des remèdes essentiels au rétablissement d’une organisation malade. Cette question doit être vite réglée, et ceci, dans une complète transparence. Impliquer le monde entier dans le processus de purification de l’église, tel doit être le premier chantier sur lequel le successeur de Benoît 16 se concentrera. Après le calvaire des procès et excuses publiques, les chrétiens retrouveront ce sentiment de fière appartenance à une Église juste, et les chefs de l’Église, la paix véritable que renforcent les décisions courageuses. La vraie justice rendue sera comme un « Acte de contrition ». Et puis, à mes humbles et chrétiennes oreilles, « vraie justice » sonne longtemps mieux que « fausse infaillibilité ».

Deux questions fondamentales doivent être posées: L’Église attire-t-elle les pédophiles? Ou, l’individu se pervertit-il une fois arrivé à l’Église? Un grand travail psychologique devra être mené sur les prêtres pédophiles pour savoir la vraie origine du problème. Bien entendu, ce travail sera fait sur des prédateurs placé de l’autre côté des barreaux. Le résultat de l’analyse tentant de porter des réponses aux deux questions qui précèdent sera très utile au processus de recrutement des séminaires à travers le monde. Il faudra, ou arrêter le flux de pédophiles à la porte d’entrée, ou changer la culture de l’organisation. La deuxième branche de l’alternative  sera surement nécessaire, et même inévitable dans les deux cas. Premier pas important à cette réforme culturelle: dé-matchisez l’Église! Je suis plus que convaincu que l’inclusion des femmes dans les affaires de l’Église ramènera un peu de bon sens au Vatican. J’aimerais bien voir de mon vivant des femmes prêtres, des femmes évêques, des femmes cardinales, et pourquoi pas, une femme Pape. L’organisation qui a supporté l’esclavage pendant des siècles a pu franchir la barrière de la race. Pourquoi pas celle de du sexe? En plus, d’un point de vue stratégique, le christianisme catholique se différenciera de deux de ses principaux compétiteurs (l’islam et le judaïsme) du marché monothéiste.

Le mariage des prêtres! Oui, il est temps. S’il y a une leçon tirée de ces 1 300 années de célibat et de chasteté, c’est que la testostérone est une force beaucoup plus puissante que le Saint-Esprit. Capturée, elle déborde via les canaux de la perversité. Laissez donc les prêtres, les Sœurs, les Frères et les futures prêtresses (espérons!) se marier. Cela résoudra  sûrement le cruel manque de religieux auquel fait face l’institution. Et puis, avec l’expérience de la vie conjugale et horizontale des prêtres et prêtresses, la jeunesse suivra avec moins de doute et de dédain leurs leçons et conseils sur ces sujets. La mission de l’Église n’est point de se faire ennemie de ce que tout le monde aime et n’arrêtera pas d’aimer.

Marketing

Le produit offert est jusqu’à présent en demande. Cela ne va pas changer sous peu. Mais il faut adapter le message aux différentes géographies, démographies et cultures que vous servez. Modelez le message par rapport à l’audience à laquelle il est destiné. Des études de marché peuvent guider pour savoir et comprendre les attentes de tels ou tels autres pays, départements, circonscriptions… « Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi… (Actes 9.20), tel est l’un des témoignages de Paul. Non pas qu’il faille mentir comme certains ont pu en accuser Paul, mais plutôt savoir adapter et moduler un message positif, un message d’épanouissement. L’Église Catholique doit sûrement s’inspirer des évangélistes américains qui corrèlent la bienfaisance spirituelle au succès matériel. Le capitalisme a bel et bien changé le chrétien d’aujourd’hui. Il ne se contente plus des promesses d’une vie postérieure plus agréable; il veut sa part du gâteau ici sur terre. Étudiez et empruntez les mots et sermons du fameux pasteur américain Joel Osteen ou, pourquoi pas, des Gérald Bataille, Jean Marie Désir et co. Ils semblent détenir la formule gagnante.

Le message et son emballage est clé, mais le messager est tout. Les religieux, surtout les prêtres, se sont trop confortablement installés dans une position de demi-Dieu. Ils doivent être ramenés à une position d’homme-conseiller, d’ homme-ami, d’homme-serviteur. Ils doivent se rapprocher du peuple pour comprendre leurs souffrances, leurs soucis et leurs aspirations.

L’Église doit avancer avec le temps et la technologie. Cette dernière peut bien être le meilleur allié pour regagner la jeunesse. Être présente sur les media sociaux Facebook, Twitter, Instagram et les autres qui suivront est signe d’une volonté d’accompagnement du peuple universel. Faciliter l’accession à l’Église de partout en utilisant le miracle de l’internet pour partager et raconter ceux du Christ. La présence virtuelle est mieux que l’absence physique. Un Haïtien à Irvington dans le New Jersey devrait facilement assister sur le web à une cérémonie de Monseigneur Pierre André Pierre ou d’un curé ou un vicaire dont il apprécie les sermons. Le produit est encore voulu, apportez-le aux potentiels clients et emballez-le comme ils le veulent.

Bonne Gestion

La bonne gestion n’est pas nécessairement avoir et savoir les moindres détails qui se passent au sein de l’institution; c’est plutôt savoir que les moindres détails seront analysés et pris en compte par le responsable de la division ou subdivision concernée. Décentralisez donc l’institution! Des notions de gestion devront être inculquées aux prêtres, car tôt ou tard ils auront à diriger des paroisses et/ou des écoles. Le Vatican devra accepter de créer d’autres pôles qui seront beaucoup plus libres de s’adapter à leurs environnements respectifs. Ceci réduira le coût de l’énorme bureaucratie de l’Église et du temps de réaction des paroisses aux changements de vision, de philosophie ou de manière de procéder du Vatican. Les organisations plus souples et décentralisées sont plus réceptives aux consignes internes et s’adaptent beaucoup plus vite aux changements externes qui, dans le cas de la résurrection de l’Église Catholique, sont primordiaux. Gérez l’église comme vous le feriez si vous étiez à la tête de « Microsoft » ou « Coca Cola ». Considérez et analysez les démographies et cultures que vous servez. Utilisez les moyens de communications modernes pour promouvoir le catholicisme mais aussi pour recueillir des informations qui sont nécessaires à la bonne gouvernance de l’Église.

Mais, après tout, pourquoi sauver une institution qui a fait et fait encore tant de tort et est aujourd’hui mêlé à tant d’horribles scandales? Pourquoi? L’idéal serait un monde ou la raison serait reine, un monde ou la « physique » serait à jamais libérée du « méta » qui lui colle aux fesses comme pour nous rappeler que nous sommes loin d’une évolution mentale finie. La religion/superstition semble ne pas être prête à mourir. L’islam gagne du terrain en Europe et dans l’Afrique sub-saharienne. Les évangélistes chrétiens jouissent d’une croissance exponentielle dans toute l’Amérique latine. Aux États-Unis la droite conservatrice veut briser le mur qui sépare l’État de l’Église. Et partout dans le monde des religions comme le mormonisme ou la scientologie bénéficient de plus en plus d’adhésions et de compréhension démocratique (liberté de culte). Chacune de ces entités sont de potentiels remplaçants du catholicisme dans le monde.

Je suis né dans un petit pays des Caraïbes au climat quasi-parfait qui a une terre très généreuse quand elle n’est pas en transe. Depuis mon enfance j’ai vu ce pays au drapeau bleu et rouge se révolter (souvent avec raison!) contre ses gouvernements. Il les a renversés, a fêté, a chanté, a dansé sans savoir qui allaient remplacer les déchus. Bien sûr, le seul et vrai décideur du gouvernement suivant fut souvent le vide. Et le vide ne planifie jamais! Il sait que naturellement il doit se retirer mais ne choisit jamais un successeur meilleur que lui. Ainsi donc, ce petit pays a connu des gouvernements plus vides les uns que les autres. Mon petit pays m‘a appris à avoir peur du vide.

Ça pue aujourd’hui au Vatican. Les effluves se perçoivent dans le monde entier. Mais malgré tout, je préfère être sous la domination d’un vieux fou que je connais depuis près de deux mille ans qui a déjà passé sa folle adolescence que de m’aventurer avec un adolescent fou dont j’ignore les prétentions et caprices. Le monde n’est pas prêt à se libérer de ses petites croyances, mieux vaut donc laisser l’entité la mieux structurée les gérer. Le mal fait moins mal lorsqu’il est fait dans l’ordre que dans le désordre. L’Église Catholique sait ce qu’elle doit faire pour baigner le monde dans les eaux du Bien comme Jésus lui-même l’avait appris de Jean-Baptiste. J’ose croire seulement qu’elle aura la décence de se laver d’abord.

Directeur Général | Co-fondateur | J'aime me considérer rationnel et mesuré avec une vision semi-ouverte du monde. J'ai un baccalauréat en finance. Je m'intéresse au Barça, à la politique, à l'entrepreneuriat et à la philosophie.

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