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Un cœur en agonie

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Il est à peine 6h du matin. Lourds comme des canons, les paupières se dégagent difficilement de mes yeux. Toujours sous le poids de la fatigue d’hier, mon corps ne veut pas quitter le lit. Dehors, le coq du voisin d’à côté anime le quartier. Au-dessus du toit de ma chambre, le ciel est grisâtre. Il fait sombre. Mais le jour se pointe quand même à l’horizon.

Dès le réveil, une angoisse s’empare de mon cœur. Étrange sensation pour mon être, ordinairement de bonne humeur aux premières heures de la journée. Quelque chose n’est pas à sa place.

Ce trouble émotionnel n’est pas un hasard. Il traduit, en effet, une réalité. Ce matin, je n’avais pas la même liberté romantique d’écrire à Fabie. Oui, cette femme, dont le potentiel affectif me sert de source d’inspiration. Aujourd’hui, je ne parviens pas à écrire un texto pour lui passer le bonjour. Cela n’arrive pas souvent, depuis notre aventure.

Impuissant alors face à cette situation, mon cœur va pleurer en cachette. Puis, tel un ciel sans lune, en plein hiver, il devient triste. Et depuis, je sens quelque chose de bizarre qui me bloque la poitrine. Entre-temps, même ma respiration devient difficile.

Mon corps est inséparable de mon cœur. Impossible séparation, d’un point de vue fonctionnel. Autrement, une scission aurait été inévitable, pour éviter de telles pénitences à un organisme innocent, mais qui doit aussi souffrir de la douleur du cœur.  Aujourd’hui, j’ai mieux compris le sens de ce passage lu dans «L’Alchimiste ». Paulo Coelho a eu raison : « Personne ne peut fuir son cœur. Au contraire, il vaut mieux l’écouter ».

Je passe tout le reste de la journée dans une inertie inquiétante. Rien ne me tente. Aucune sensation de faim, même avec le ventre creux. Mes chansons préférées deviennent insupportables à l’oreille. Les mélodies ont perdu leur harmonie d’avant. Blocage total.

A mesure que les heures passent, le poids de mon amertume devient de plus en plus lourd. Je n’arrive toujours pas à communiquer avec ma dulcinée. Où est-elle ? Que fait-elle en ce moment ? Instant de panique psychologique.

Et le soir venu, la concentration devient encore plus intense. Tout bouge autour de moi, telle la ville de Port-au-Prince, lors du séisme du 12 janvier 2010. Les objets n’ont plus de sens. Je dois absolument fuir l’odeur nostalgique de ma chambre. Mais, si je pars, où aller ? Peu importe l’itinéraire, je dois partir donner un peu de répit à mon cerveau, visiblement épuisé.

Tout compte fait, je prends la direction de mon bar habituel. Mais, en attendant, à l’espoir que demain ne sera pas comme aujourd’hui, je lui ai quand même envoyé un petit message, dont le contenu n’est autre qu’un petit souhait: « Bonne nuit ma chérie ».

Osman Jérôme

Animateur de radio, travailleur de Santé Mentale, blogueur à MONDOBLOG-RFI, contributeur à AyiboPost.

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