ÉCONOMIEEN UNE

FINTECH Haïti: pourquoi Haïti doit-elle s’intéresser au bitcoin?

0

Crypto-monnaies et bitcoin peuvent sembler être du jargon informatique très loin de la réalité haïtienne. Faux. Ils sont plutôt de la génération des monnaies électroniques, et des différentes manières de gagner de l’argent via les transactions financières numériques. Des Haïtiens s’y sont déjà essayés et en témoignent. Patrick Attié (vidéo) et Jn Mohab (texte) expliquent comment cela fonctionne et quels sont les intérêts pour Haïti en attendant de tout savoir à la FINTECH Haïti 2018, les 13 et 14 avril, au Convention Center de la BRH

Qu’est-ce que l’Electronic Cash et comment cela fonctionne?

Le fonctionnement de l’Electronic Cash ou Ecash est similaire à celui des transferts de fonds électroniques entre banques. L’utilisateur doit d’abord avoir un logiciel d’Ecash et un compte bancaire Ecash, à partir duquel l’Ecash peut être retiré ou déposé. L’utilisateur retire l’Ecash du compte sur son ordinateur et le passe sur Internet sans être retracé ou avoir des informations personnelles disponibles pour d’autres parties impliquées dans le processus. Les destinataires de l’Ecash envoient l’argent sur leur compte bancaire comme s’ils déposaient de l’argent « réel. »

Jusqu’alors cet offre de service passait toujours part un « intermédiaire de confiance » selon ce schéma :

Acheteur/vendeur A <=> intermédiaire de confiance <=> Acheteur/vendeur B

Cet « intermédiaire de confiance » dans les faits :

  • connaît l’identité des acteurs ;
  • connaît et garantit la solvabilité, le paiement des acteurs ;
  • connaît et centralise les transactions des acteurs ;
  • sert sa clientèle selon l’efficacité de son service de traitement ;
  • joue le rôle de juge en cas de litiges ;
  • a le pouvoir de geler les fonds de ses utilisateurs, d’interdire certains typez de transactions ;
  • est dépendant de régulations territoriales (pourrait geler les avoir de particuliers du pays x selon les dispositions diplomatiques de son pays d’origine) ;
  • demande qu’on lui fasse crédit d’une certaine « confiance » qui peut être trahie.

Dans l’ensemble, c’est une concentration de pouvoir et d’informations qui est très mal vue dans la culture de l’internet avec comme valeur : liberté de la circulation des données, anonymat et rapidité des échanges

Le concept de la monnaie

Expliquer le bitcoin est quelque chose de complexe, la crypto-monnaie étant un point de fusion du monde cryptique de la cryptographie et celui complexe de l’économie.

Mais bon, si vous éliminez tout le bruit autour des crypto-monnaies et le réduisez à une définition simple, ils ne deviennent que : des entrées limitées dans une base de données que personne ne peut changer sans remplir des conditions spécifiques. Cela peut sembler ordinaire, mais, croyez-le ou non, c’est exactement comme cela que vous pouvez définir une monnaie. C’est le même jeu d’écritures crédit/débit qui se fait sur votre relevé bancaire lors des transactions via carte débit/crédit.

Considérant la monnaie comme un jeu d’écriture dans une base de données. Le défi pour le Bitcoin est donc d’assurer la sécurité de cette base de données par de bonnes conditions spécifiques. C’est précisément ce tour de force cryptographique qu’accompli le bitcoin avec la « blockchain » un registre de compte cryptographié.

Le bitcoin

Dans son annonce de Bitcoin à la fin de 2008, Satoshi Nakamoto, son inventeur inconnu*, déclare qu’il a développé « un système Electronic cash en Peer-to-Peer ». Un choix conceptuel qui est devenue la cause accidentelle de la naissance de la première crypto-monnaie, l’actuel « Bitcoin ».

En simple, un réseau d’ordinateurs auquel tout le monde peut participer gère un registre de comptes (la blockchain) qui indique combien de bitcoins sont détenus par les comptes. Tout le monde peut créer un compte sur ce registre. Dans le réseau, tous les nœuds ont les mêmes droits, il n’y a aucun nœud central détenant une autorité sur les autres ; on parle de réseau décentralisé en Peer-to-Peer. Tous ceux qui participent à ce réseau se surveillent et se contrôlent. Chaque nœud surveille en particulier les transactions qui sont faites entre détenteurs de comptes quand ils s’envoient des bitcoins. Chaque nœud détient le registre complet des comptes. Ce registre et les transactions sont protégés par de la cryptographie. On aboutit ainsi à un accord unanime sur le contenu de chaque compte, et c’est de cet accord que naît la confiance à l’origine de la montée des cours du bitcoin.

Depuis neuf ans que le réseau existe, jamais personne n’a pu en empêcher le fonctionnement ou le pirater à l’exception d’un incident vite contrôlé et réparé en août 2010. Par nature, le fonctionnement du réseau exige qu’il y ait des nœuds volontaires opérant les contrôles et gardant le registre de comptes. Un système de rémunération est prévu pour inciter à être l’un de ces nœuds : de nouveaux bitcoins sont émis et attribués aux nœuds volontaires. Tous les bitcoins en circulation ont été créés dans ce but par un concours recommencé toutes les 10 minutes. Le fonctionnement de ce concours utilisant ce qu’on nomme des preuves de travail.

Toutes les transactions Bitcoin sont publiques. Mais les propriétaires et les destinataires de ces transactions restent inconnus. Les organisations peuvent choisir de révéler leur propriété sur certaines adresses Bitcoins à des personnes définies. Ce qui permet à toute organisation de mettre en œuvre d’excellentes pratiques de transparence adaptées à chaque besoin.

Du bitcoin aux autres crypto-monnaies

Comme le protocole du Bitcoin est en Open Source, celui-ci peut être copié, modifié et remis en circulation à volonté et par n’importe qui. Avec un peu d’aisance technique, créer votre propre version de Bitcoin ne vous demanderait que quelques heures. Aujourd’hui, derrière le terme générique de crypto-monnaies, on a la plupart du temps des protocoles dérivés de Bitcoin. Si certaines de ces crypto-monnaies, comme Ethereum par exemple, proposent une approche technologique différente, beaucoup de celles-ci ne sont que de simples clones, voire des arnaques. Cette génération spontanée de centaines ou de milliers de crypto-monnaies est donc une conséquence inévitable des principes de base qui régissent Bitcoin.

Les avantages

1) Rapide et global : La transaction est propagée presque instantanément dans le réseau et est confirmée en quelques minutes. Dès qu’ils se produisent dans un réseau mondial d’ordinateurs, ils sont complètement indifférents à votre emplacement physique. Peu importe si j’envoie Bitcoin à mon voisin ou à quelqu’un de l’autre côté du monde.

2) Sécurisé : les fonds Bitcoin sont verrouillés dans un système de cryptographie à clé publique. Seul le propriétaire de la clé privée peut envoyer une crypto-monnaie. La cryptographie forte et la magie des grands nombres rendent impossible la rupture de ce schéma. La confiance est basée sur cette édifice mathématique et non sur un pari sur la bonne foi d’un intermédiaire financier.

 3) Sans barrière d’entrée : Vous n’avez pas besoin de demander à quelqu’un d’utiliser. C’est juste un logiciel que tout le monde peut télécharger gratuitement. Après l’avoir installé, vous pouvez recevoir et envoyer des Bitcoins ou d’autres crypto-monnaie. Personne ne peut vous en empêcher. Il n’y a pas de portier

4) Irréversible : Après confirmation, une transaction ne peut pas être inversée. Par personne.  Ni par vous, ni par votre banque, ni même par le président des États-Unis ou de quelques autres pays… Personne ! Si vous envoyez de l’argent, vous l’envoyez. Point barre ! Personne ne peut vous aider, si vous avez envoyé vos fonds à un escroc ou si un pirate l’a volé à partir de votre ordinateur. Il n’y a pas de filet de sécurité.

2) Cryptonyme : Ni les transactions ni les comptes ne sont forcément connectés aux identités du monde réel.

Intérêts pour Haïti

Comprendre ce système est très intéressant pour Haïti qui a très peu d’accès aux systèmes d’échanges électroniques. Déjà que le pays figure sur la liste rouge de PayPal et qu’aucune transaction venant d’ici n’est acceptée. Haïti doit et peut rattraper la transition numérique, notamment au niveau de son économie, au risque d’être tenu à l’écart des grandes transactions financières sur le marché international.

Autrement, parler du bitcoin c’est aussi parler de l’une des prises de valeur les plus fulgurantes de l’histoire de l’économie. Le bitcoin qui se vendait à 1 dollar américain en 2011 plafonne actuellement à 6000 dollars américain. Une performance qui crée autant l’euphorie qu’elle pose d’épineuses questions aux analystes financiers et économiques. Somme-nous réellement devant un placement financier intéressant ou juste face à une bulle spéculative rappelant l’épisode de la « tulipomanie », cette folie de la tulipe qui avait atteint des proportions démesurées en Hollande dans les années 60? Les avis divergent.

Aussi entre audace et prudence le choix est vôtre. Mais il est sage de n’investir qu’une somme d’argent que l’on à pas trop de problème à perdre.

Jn Mohab

 

*Satoshi Sakamoto est vraisemblablement le pseudonyme du concepteur dont on ne sait rien d’autre (âge, sexe, apparence)

http://homepages.inf.ed.ac.uk/dts/pm/practical/ecash.htm

https://www.forbes.com/sites/panosmourdoukoutas/2018/02/23/what-will-it-take-for-bitcoin-to-replace-the-dollar-in-everyday-transactions/#4726f81e63db

https://blockgeeks.com/guides/what-is-cryptocurrency/

https://www.forexfraud.com/forex-broker-reviews/forextime-review.html

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *