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Pas question que la canaille monte à Pétion-Ville

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La machine répressive est automatiquement activée dès qu’elle aborde l’entrée de la cité. C’est du moins ce que démontrent les faits. Les autorités montent souvent la garde afin que les récurrentes manifestations de l’opposition n’atteignent pas la ville. Matraques. Tirs mortels. Gaz lacrymogènes. Arrestations. Seule la violence leur paraît possible pour dévier une telle intention.

Malgré le triste et flagrant contraste de son environnement, Pétion-Ville reste le berceau des nantis. C’est ici qu’ils coffrent leurs richesses. C’est un peu comme on le prétend : la ville commerciale. Donc, qu’Ali Baba se tienne loin de la caverne ! Surtout, que nos entrepreneurs gardent encore le cauchemar des soulèvements populaires de 2006 et 2008.

Pourtant la canaille veut toujours monter. Inconfortable dans ses conditions déshumanisantes, elle veut toujours grimper la barre sociale. Du coup, elle devient une menace aux yeux de la minorité dominante  qui lui rappelle- de quelconques manières sa petite limite marginale.

La canaille veut monter parce qu’elle saisit tout en bloc. La disharmonieuse classique Liberté, Égalité, Fraternité que lui braillent ses prétendants le plongent dans un fantasme dégénératif. Leurs cacophonies délirantes lui font confondre sa désillusion avec son illusion. Le problème c’est que tous veulent mener la baguette. Tous veulent diriger l’orchestre politique. L’on a vu pourtant que même un musicien de carrière n’est pas à la hauteur de cette tâche.

Partant de ce contexte, la victime n’est pas si innocente de sa fatalité. Ne vous y trompez pas : Vox Dei, Vox Populi, Vox Satani ! C’est dans ses droits et devoirs de sélectionner ses dirigeants qu’on soupçonne un trait de sadomasochisme. Elle prend goût dans son mal. Elle vivote dans son état. Elle choisit des ogres les plus malveillants pour mener son destin.

La canaille est souffrante. Elle est schizophrène. Elle est confuse dans sa démarche vers l’ascendance sociale. Ses courtisans en profitent bien. Ils forment, déforment, transforment des groupes à son bonheur et à son malheur. C’est un suspens effrayant que l’on vit à se questionner sur ce que nous réserve la fin de ce film.

Le destin dépend toujours de nos choix dans le présent. La canaille sait très bien que la manière dont on fait son lit détermine comment on se couche. Son futur ne sera que par de fermes décisions et non des risques que des ignorants le mènent au sommet.

Hadson Albert

Image: AFP /Hector Retamal

La rédaction de Ayibopost

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