AYIBOFANMEN UNEFREE WRITING

Papi a abandonné…

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« Salut chéri. La chambre est encore abimée par ton parfum. Ta présence, elle n’est pas physique, mais dans chaque litre de mon sang, il y a un morceau de toi qui nage. Chéri Youpi !!! Je suis ENCEINTE. Je t’attends vite à la maison. »’ 

J’étais sûre d’envoyer ce message trois ans de cela, et j’étais certaine que moins de dix minutes après sa réception, je recevrais une réponse du genre : »’ Oh oui Princesse dorée de papi !!! Je suis content de la nouvelle, je reviens vite vers toi. Je t’aime Annie. Bien trop, je t’aime comme pas possible, et là je fixe notre bonheur à l’infini. »’

Cette réponse que j’attends encore. Un an. Deux ans. Trois ans. Quatre ans. Et aujourd’hui ma Quia d’amour m’a dit : « ’ Manmie où est papi, qui est papi, c’est oncle Jo ? »’  Ses amies à l’école lui ont appris qu’un papi pouvait exister. Je n’ai pas les mots pour dire à mon enfant que papi a abandonné, que papi a tout lâché, que papi est parti sans donner d’explications. Ah non ! J’ai souri. Ce sourire plein de larmes et quand ma Quia aura 10 ans je lui dirai : « tu sais ma chérie l’existence de tout être est une connivence, notre venue au monde est le résultat d’une alliance, parfois d’amour et parfois de circonstances. Et toi mon enfant tu es née de l’amour, c’est le plus important. »

Cet homme a pris le soin de me rendre amoureuse, et il est parti. Et depuis je l’espère. Il y a si longtemps que je vis cette vie délaissée, aux côtés des gens qui me regardent rire, chanter et dire : vive la vie ! Et aussi longtemps  depuis que ces gens n’arrivent pas à repérer la douloureuse chaleur dans mon âme et l’amertume qui habite mon cœur. Bien sûr il est encore plus dur de savoir qui l‘on est quand on doit garder son identité secrète, encore plus quand on doit rentrer dans la grande scène théâtrale de la vie, quand on doit jouer le jeu,  se fondre dans la foule, incarner le rôle que la vie nous propose déjouer, pour qu’on nous regarde bien. : Forte, brillante, aimable, la douce et travailleuse mère de Quia, la vraie femme célibataire qui élève seule son enfant… voilà les mots qui me décrivent. L’on me fait oublier souvent que nos petites imperfections font partie de notre beauté, et qu’il est doux même de pleurer.

 Et à ma fille ce que  je lui apprends le plus c’est l’amour, je lui dis : Tu sais ma Quia, dans sa forme la plus absolue l’amour est l’essence même de notre être. Parfois, quand le lien parvient à se briser, le fil finit par se casser, cela nous change à tout jamais, et quand cela nous arrive on masque la vérité par des artifices et on dissimule notre personnalité par peur d’accepter la déception. On se cache derrière ces choses qui nous réconfortent devant la souffrance et la tristesse et, certaines personnes choisissent même de vivre dans un monde d’illusions réconfortantes et se risquent dans ces cas à être déçues par de fausses réalités juste pour ne pas accepter une vérité trop difficile à supporter. Mais ma chérie, Jésus avait dit que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre, personne n’avait pu le faire. Et par cette même leçon, j’ai compris que même étant celui qui n’a jamais péché, il faut être prêt à accorder son pardon. Je sais bien que lorsque les souvenirs qui surgissent du fond de notre mémoire sont semblables à des plaies béantes, le pardon est la dernière chose qui nous vient à l’esprit, mais ma chérie laisse l’amour te consumer. Ton papa Henry nous a abandonnés. Les bandits l’ont immobilisé et ce sont ces deux balles à la tête qui ont gâché le rêve du trio. Il n’y a plus de trio. C’est juste toi et moi. J’espère que tu auras assez d’amour pour pardonner à la société »’.

Vita Pierre

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