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Overdose!!!

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Plaisir malsain, plaisir hautain, ce sentiment défaitiste couplé à l’insu du désir existentiel d’un peuple au passé trop glorieux : le pouvoir, ce virus aussi violent qu’indomptable, a élu domicile dans les gènes de certains Haïtiens. Dans ce concours de liberté, quoique suicidaire, on peine à croire qu’un gagnant peut y être victorieux.

Haïti, lourd passé remplis de héros aux âmes généreuses et habitées de désirs loyaux affrontant des guerriers attitrés, de présidents présomptueux et d’armées indestructibles lors de sanglantes batailles aux chevaux et épées dignes des plus brillants courts métrages fantastiques et improbables de l’histoire du cinéma.

Pourquoi ce laxisme ?

Pourquoi notre fierté se résume-t-elle au passé ? Tels des junkies, jeunes et vieux aux regards vitreux donnent leurs forces aux abrutis dégénérés convertis par des fables en facette du paraître quotidien. Tels des zombies, nous déambulons en transe vers des abîmes insoupçonnés et ridiculement cocasses aux yeux des spectateurs invétérés passés maîtres en sciences manipulatrices.

Jeunesse aux abois, abonnée aux alcooliques des chômeurs, nous inventons des titres pompeux pour accompagner nos soi-disant diplômes inutiles pour une terre aux prémices de gloire ancienne contée et au présent défectueux.

La misère, l’ignorance, la faiblesse, l’espoir bâtis sur un sauveur ressuscité à qui l’homme haïtien impose son passé, son présent et son ombrageuse destinée. Ces thèmes normalement utilisés pour parfaire la description désobligeante radicalement glauque et sale de la première république noire deviennent évidence. Pays où l’exception est règle, où la nature humaine est jumelée de petitesse, nous avançons dans notre périple vers de périlleux abimes.

La coupe est pleine ; elle se déverse comme un crotale s’asphyxiant de la morsure de son propre poison, comme un rat qui se ronge la queue jusqu’à l’extinction, on patauge dans notre mare de sang sans égard pour la stupidité qui nous embrasse quand on fait semblant d’être des fous savants. Notre exécrable existence de peuple noir à la crasse se cure le nez aux attentes d’une miraculeuse délivrance.

Attente, espoir jusqu’à l’overdose, on mourra sans résistance face à notre abrutissement éternellement reconstruit.

Steffi Miscadin

Peinture: Widley St Vil

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