CULTUREEN UNESOCIÉTÉ

Ne sois pas comme moi!

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 » Tiens-toi droite »

 » Ne parle que si l’on t’autorise à le faire »

 » Connais toutes les envies luxurieuses de ton clille »

 » Effectues ton travail avec finesse en employant  des stratagèmes raffinés »

« Tu dois satisfaire et non être satisfaite » 

Ces phrases et tant d’autres, si souvent répétées par ma mère et la sienne avant elle, sont des règles transmises dans la famille de mère en fille. Ce sont pour ces femmes comme une sorte de patrimoine qu’on transmet de génération en génération. Beaucoup de gens verront ça comme de la concupiscence, tout comme moi je le vois aujourd’hui, trop tard peut être… mais assez tôt quand même pour te mettre en garde. Non pas pour t’imposer une voie mais plutôt pour te laisser le choix de créer ta propre destinée. Ainsi, tu seras fière de tes erreurs, fière d’en avoir tiré les leçons qui en découlent. Car moi, je n’ai pas eu ce luxe. Celui d’avoir eu le choix, celui de dire non et de me faire entendre. Toute ma vie, j’ai dû me soumettre. Quand je dominais le client, ce n’était pas parce je le voulais mais parce que lui, le désirait et me l’ordonnait.

Client, ai-je dit? Oui ma fille! Tu as tout compris. Mais, si c’est une vague intuition que tu as, laisses-moi le soin d’éclairer ta lanterne.

Dans ce métier, on a tendance à nous attribuer différentes dénominations comme: viveuse, débauchée, demi-mondaine, cocotte, fille de joie ou courtisane par simple modestie. Mais la réalité est qu’on n’en demeure pas moins des putes! Des vulgaires belles-de-nuit qui se livrent à l’impudicité contre de l’argent dans le but de subsister. Oui, tel est le motif pour certaines d’entre nous. Nous opérons de diverses manières. Certaines agissent en toute confidentialité de connivence avec la société, on les  surnomme des putes de salon. D’autres préfèrent la mise à nue et travaillent sans se cacher en pleine rue. Mais je te défie de les juger car nombreuses sont celles qui le font  par pure nécessité. Bien que cela soit une raison justifiable, elle n’est pas pour autant acceptable.  Néanmoins, je laisse celles qui détiennent une motivation autre que la nécessité, le soin de se justifier;  je ne leur jetterai pas la première pierre.

Je dois répondre de mes propres actes et voir de quelle façon je peux les réparer. Et la seule bévue que je tiens à réparer absolument, c’est le fait de t’avoir abandonné. Cette décision comme tant d’autres m’a été  imposée par la vie. Je sais que tu n’y a jamais pensé. Je sais que c’est dur à accepter, mais je te le dis:  je n’ai jamais su prendre une décision de mon propre gré. C’est pour cela que je veux être si transparente avec toi au travers de mes conseils. J’aimerais te permettre de jouir de ton libre-arbitre afin que tu puisses créer ta propre voie. Alors, ne sois pas comme moi! Si tu veux être une pute, soit! Mais choisis bien ta coupe avec toute la crucifixion que ça impliquera. Sache au moins une chose, il faut bien choisir tes atouts. Ne fais pas comme celles qui croient que la beauté est tout. Elles se trompent car la beauté ne fait que passer. Cependant, la classe, la finesse, la souplesse et l’intelligence, sont des choses qui s’apprennent et grandissent avec l’expérience.

Jadis, je t’aurais dit:  mieux vaut être une courtisane désirée qu’une épouse méprisée.

Aujourd’hui, je te dis tout simplement: soit une femme éduquée. S’il advienne que tu te maries, sois la femme et la pute de ton homme. Sois soumise la nuit et dominatrice le jour. Sois son équilibre! Et si tu choisis le contraire et que tu deviennes une prostituée, ne sois pas « une« , mais « la prostituée« . Mais je t’en conjure: ne sois pas comme moi!

Nanine

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