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La Caravane du Changement: la presse haïtienne ne fait pas son travail !

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La Caravane du Changement du Président Jovenel Moïse a été enclenchée dans l’Artibonite le 1er mai 2017. Maintenant, elle se dirige vers le Grand Sud. Sur plusieurs aspects cette caravane peut être considérée comme une innovation gouvernementale. Ce projet cher au Président Moïse tente de matérialiser certaines de ses promesses électorales en offrant une nécessaire revalorisation du secteur agricole dans le but d’augmenter la production nationale. Du côté du pouvoir, je vois peu à reprocher car il est admirable de tenter de mettre en exécution les promesses de campagne et d’innover.

Cependant, une question me tracasse depuis quelque temps : où sont les analyses et enquêtes de la presse haïtienne sur cette caravane ?

Jusqu’à présent à mon humble avis, la presse ne fait que diffuser et rapporter les informations fournies par le gouvernement en prenant acte comme tous les autres citoyens. Cela n’est point suffisant ! Je m’attendais à ce que les grands ténors de la Presse (les quotidiens, les hebdomadaires, les stations de radios et de télés de grande renommée), les médias en ligne aient des correspondants spéciaux assignés dans l’Artibonite pour suivre à la virgule quotidiennement ce qui s’y passe.

Rapporter objectivement le travail qui se fait sous tous les aspects positifs et négatifs, émettre globalement la réaction des citoyens directement impliqués, décrire les importantes répercussions sur la vie sociale, économique et politique du département seraient entre autres des objectifs à viser. La Presse devrait se rendre auprès des spécialistes du domaine : les paysans, agronomes, agriculteurs, ingénieurs, agro-industriels, etc. pour vérifier les données gouvernementales et contrebalancer les comptes rendus de l’administration Moïse-Lafontant. Le but serait également de se rendre sur le terrain avec des spécialistes indépendants pour chercher à atteindre une certaine objectivité dans l’observation des réalisations. Des sondages scientifiques menés par la Presse devraient être produits pour refléter les sentiments de la population sur le travail déjà accompli et qui continue à s’effectuer. Un suivi régulier de la Presse dans l’Artibonite ainsi que dans tous les autres départements devrait également se faire pendant toute la durée du mandat présidentiel qui se dessine autour de la « Caravane du changement ».

Au-delà de la critique de la presse, il faut souligner aussi que le grand public s’en soucie que très peu. Il semblerait qu’on veuille des résultats positifs tombant du ciel sans se soucier de bien cerner les défis, les enjeux, et les problèmes à surmonter. « On veut tous manger à notre faim ‘ak lajan nan poch nou’ » a récemment scandé le président Moïse. A cela, j’ajouterais « sans se préoccuper de savoir si cela est réaliste ou réalisable ». C’est enfantin de penser ainsi et c’est ce qu’on nous a offert et continue à nous offrir comme « pawol », propagande et promesses.

Je conçois que pour réaliser de telles investigations, il faut un certain budget financier assez élevé. Mais au moins peut-on tenter de le faire à petite échelle avec les moyens du bord tout en expliquant au public les limites de ces investigations? Il faut aller au-delà de l’actualité et tenter de comprendre, de clarifier, d’éclairer et d’analyser les nouvelles afin de mieux guider l’opinion publique.

J’aime la Presse Haïtienne qui fait son travail quotidiennement, cependant je me permets de lui faire une critique constructive. Notre presse a grand besoin d’une introspection, et le fidèle consommateur que je suis souhaite qu’elle s’améliore aux confins de ses possibilités.

Patrick André

Je suis Patrick André, l’exemple vivant d’un paradoxe en pleine mutation. Je vis en dehors d’Haïti mais chaque nuit Haïti vit passionnément dans mes rêves. Je concilie souvent science et spiritualité, allie traditions et avant-gardisme, fusionne le terroir à sa diaspora, visionne un avenir prometteur sur les chiffons de notre histoire. Des études accomplies en biologie, psychologie et sciences de l’infirmerie, je flirte intellectuellement avec la politique, la sociologie et la philosophie mais réprouve les préjugés de l’élitisme intellectuel. Comme la chenille qui devient papillon, je m’applique à me métamorphoser en bloggeur, journaliste freelance et écrivain à temps partiel pour voleter sur tous les sujets qui me chatouillent.

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