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Et si la mort de René Préval n’était pas simple

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Une minute

Une minute de recueillement

Une minute de recueillement pour saluer le départ de l’ancien président.

Une minute

Une autre minute de recueillement

Une autre minute de recueillement pour réfléchir sur ce départ.

Une, deux, trois… vingt… soixante-quatorze minutes…

Prenons autant de minutes qu’il nous faut pour questionner ce départ

Et nous demander « et si cette mort subite n’était pas simple »

Ecartons-nous sagement de la portée  symbolique  de  cette expression qui traduit tant de non-dits en Haiti « Lanmò sa pa senp ». Laissons donc de côté les éventuelles réflexions religieuses et culturelles. Essayons de restreindre notre réflexion uniquement à l’aspect médical ou mieux médico-légal de la question. De quoi l’ancien président est-il mort ? Depuis vendredi,  on se contente d’indexer un accident cérébro-vasculaire, une crise cardiaque ou un arrêt cardiaque.

La femme de Préval nous rapporte que Françoise, un membre du personnel de la maison du président qui apportait un pli à ce dernier « a découvert René inanimé…assis sur une chaise »[1] La direction du DASH a dit que  l’ancien président était déjà mort en arrivant à l’hôpital. Sa femme a confirmé. Qui a donc posé l’un ou l’autre des différents diagnostics précités ? Ou du moins sur quels critères se sont-ils basés pour dire qu’il est mort suite à un ACV, un arrêt cardiaque, une crise cardiaque…? A part le fait que l’agent de sécurité ait appelé la femme du président pour lui dire qu’il a un malaise, aucune autre description sémiologique ne nous a été faite. La mort de Préval mérite une réflexion plus poussée. De quoi est-il mort ? Ou du moins qu’est-ce qui a provoqué cet ACV, si ACV  il y a eu ?  Qu’est-ce qui a déclenché cette crise cardiaque si crise cardiaque il y a eu ? Allons au-delà de la minute.

Nous ne saurions dire que le président était en parfaite santé vu ses antécédents médicaux et ses complaintes de maux de tête rapportées par ses proches. Additionnons tout de même les déclarations du député Jerry Tardieu « Je venais de le laisser en excellente santé », «  rien ne laissait imaginer qu’il allait rendre l’âme cinq minutes après m’avoir raccompagné »  à celle des proches de l’ancien président disant qu’ « il avait passé avec succès une série de tests médicaux au début de l’année ». Le résultat de cette addition nous permet de conclure que rien ne pouvait présager que René Préval, en bonne santé apparente, allait mourir quelques minutes plus tard. Qu’est-ce qui s’est donc passé dans le corps de l’ancien président pour aboutir à son décès ?

C’est là une question qui préoccupe plus d’un. Sa réponse nécessitera une investigation très poussée sur ses derniers instants de vie. Il se peut que ces investigations ne révèlent rien d’extraordinaire. Il se peut qu’elles ne soient pas nécessaires si les derniers mots de Préval ne nous y poussent. En effet il faudra d’abord questionner René Préval. L’excessive pesanteur de cette homme dans la politique haïtienne ne serait peut-être pas ébranlée par une question simple « Président, qu’est-ce qui a provoqué ton départ ? »

Comme nous avons décidé d’éviter le coté culturel et religieux du sujet, cette question n’est pas obligée d’être posée « sou Govi ». Le médecin légiste, avec la permission de la famille et de l’Etat haïtien, saura comment la poser et nous retransmettre la réponse. Ainsi est-il que le pays pourra enterrer tranquillement son président, une fois la cause de son décès élucidée.

 

Delvalès DOCCY, MD

DESS/MGSS

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