POLITIQUE

Dire la mort de Dessalines (Partie 2)

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Les textes qui suivent sont la deuxième partie d’un ensemble de réflexions autour du 210ème  anniversaire de la mort de Dessalines.

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Quelques lignes pour Dessalines

Ou di w’ pa konn ki mò ki touye Lanperè; moi je sais.

Il a été assassiné, l’Empereur. Un jour pendant qu’il allait traverser le Pont Rouge, sur ce pont, son sang rouge a été versé.

Il sortait du Sud, le Sud dont les terres sont aujourd’hui ravagées par l’ouragan Matthew.

Dessalines y est allé pour une meilleure répartition des terres.

Se yon gwo kou, petèt, si yo ta boule kay ou men si pat gen koupe tèt ak boule kay, jodia nou pa tap met tèt nou, lakay nou.

Plus de 200 ans après la mort de Dessalines, tous les chefs de ce pays, en général, ont tué l’idéal du Général.

Et que dire de la génération actuelle, ma génération, plus folle que Défilé; car si cette dernière malgré sa folie a eu un peu bon sens pour enterrer le reste de Dessalines, nous, ses soi-disant fils, nous avons enterré le rêve de Dessalines.

Pour parler Dessalines, 15, 100, 200 lignes ne suffisent pas. Tellement il est grand l’Empereur-Fondateur. Un héros, un visionnaire.

Et durant les 48 ans de sa vie, il n’a jamais changé de camp, Dessalines; il a toujours gardé sa ligne.

Si lòt peyi fyè pou yo di yo se premye nasyon ki mache sou Lalin,

Nou menm nou dwe fyè pou nou di nou se premye pèp nwa lib gras ak Desalin.

JeanMau , Humoriste

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17 octobre: Entre jour de congé et anniversaire de la mort de l’empereur

Lundi 17 octobre 2016, congé sur le territoire national. Elèves, étudiants, fonctionnaires… restent chez eux, vont à la plage, prennent du repos. Un week-end  » manch long », disent certains. Sauf que, petits commerçants et détaillants n’en sont pas concernés.  Assistons-nous à un devoir de mémoire non effectué? La misère a-t-elle sclérosé tous les sentiments patriotiques de la population?

À questions complexes en Haïti viennent souvent des réponses banales.  Le 17 octobre aujourd’hui est un jour de congé pur et simple. A part quelques initiatives isolées à travers le pays, une cérémonie officielle organisée au Champs -de-mars, il n’y a rien qui fait de l’anniversaire de la mort de Jacques 1er, un jour spécial. Un touriste peu informé sur Haïti qui se trouve dans les parages n’a pas trop d’éléments pour poser une question se rapportant à notre histoire ou du moins à une journée spéciale pour les fils du terroir. Le nom de Dessalines n’est présent sur nos lèvres que pour nourrir notre orgueil de premier peuple noir libre en référence à l’exploit de 1804.

J’estime que l’Empereur doit avoir sa place dans notre quotidien. Partout, à l’école, dans tous les bureaux de la République, au marché. Pancarte, effigie, portrait, statuette… Avec plus de renforcement dans les cours d’histoire et de civisme.

Il est impossible d’oublier une chose qui est présente dans sa vie de tous les jours. Cela ne constitue pas l’unique moyen pouvant donner une place prépondérante dans la conscience de nos frères haïtiens. Cependant Jean-Jacques DESSALINES aura une place à la hauteur de ses exploits et de sa vision dans la vie haïtienne.

Kesner Jean-yves CHARLES,  Sociologue

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« Que m’importe le jugement de la postérité, pourvu que je sauve mon pays »

Notre pays traverse actuellement un moment assez critique dans son histoire menaçant même notre existence en tant que « peuple libre ». Deux siècles plus tôt, l’ex joyau de l’empire des bourbons a brisé glorieusement ses chaines en giflant avec violence et surprise l’histoire du monde. Dans la concrétisation de cette quête,  un nom résonne comme un écho et symbolise l’amour de la patrie, l’idéal de liberté et la justice sociale pour tous : Jean Jacques Dessalines.

Incarnant le nationalisme dans toute sa splendeur, l’empereur a su faire l’amalgame parfait entre génie militaire et talents d’administrateur qu’exigeait son époque pour instituer la nouvelle nation « Haïti » sur la carte du monde. Il a vite compris qu’arracher notre liberté des griffes des puissances esclavagistes prédatrices ne suffisait pas ; mais il fallait surtout la consolider en renforçant la structure étatique au prix des besoins de protection de la jeune nation. Aux antipodes des supposées élites encore imprégnées des idées colonialistes, comme il en existe encore aujourd’hui, l’Empereur a tenté d’instaurer une politique de justice sociale dans le pays. Cet idéal d’équité et de dignité pour l’homme haïtien, il y a cru jusqu’au Pont Rouge. Dans l’état actuel des choses où la nation n’arrive plus à trouver des points d’ancrage pour faire un bond de progrès, les voies tracées par le père de la patrie peuvent encore nous servir de lanterne pour trouver nos repères.

Jean Frantz Ricardeau REGISTRE

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Dire la mort de Dessalines ?

Il y a 210 ans, le premier Empereur d’Haïti est assassiné. C’est le premier acte abject qui a scellé l’image de ce pays. L’Histoire, nous ne savons quelle version, nous rapporte un assassinat politique sur fonds de zizanies et de divergences de perspective. Mais avec l’assassinat de Jean Jacques Dessalines s’est éteinte cette vision d’une Haïti grande productrice, pourvoyeuse de denrées au Nouveau et à l’Ancien Monde d’alors, une mère nourricière, une Haïti où quelle que soit sa teinte, l’individu est “Noir”…ni affranchi, ni mulâtre, ni blanc…“Noir”. Noir pour Homme libre. “Les Haïtiens ne seront désormais connus que sous la dénomination générique de Noirs” pouvait-on lire dans la constitution impériale de 1805 (cf. article 14). Avec la mort de Dessalines s’est dessiné un autre pays au destin tumultueux : d’abord un schisme puis des luttes successives, sanglantes, fratricides, sans merci pour le pouvoir. L’assassinat nous poursuit. Nous ne pouvons pas dire la mort de Dessalines parce qu’il [l’assassinat] est moralement injuste, politiquement injustifiable sans aucune tentative de discussions politiques, nationalement honteux. Mais nous pouvons, 210 ans après, réfléchir sur un idéal de liberté et de progrès qu’aurait chéri Dessalines. Tenter de dire la mort de Dessalines c’est un appel à ce que la transcendance de l’humanisme, base sur laquelle ce pays est né en 1804, revienne dans notre vision de l’avenir sans aucune récupération politique pernicieuse. Lorsqu’on tente de dire la mort de l’Empereur, il est difficile de ne pas se demander: “Comment serait ce pays si Dessalines n’était pas lâchement abattu?”

Yvens Rumbold


Cliquez ici pour lire la première partie de cette compilation de réflexion.

La rédaction de Ayibopost

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